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UNE ÉGLISE SYNODALE ou UNE EGLISE COMMUNION

              Le 21 novembre 1964, Paul, évêque de l’Église catholique, apposait sa signature, suivie de celles de tous les Pères évêques, membres de droit, du Concile Vatican II. Cette signature validait la Constitution Dogmatique sur l’Église, LUMEN GENTIUM. Tout en respectant les différents titres ou images, inspirés par une spiritualité qui cherchait juste une façon d’exprimer ce qu’est l’Église, Lumen Gentium dit, dès les premières lignes de son document, ce qu’est l’Église et quel titre lui est donnée. Elle est le Corps mystique du Christ et, par et dans ce lien entre ses membres baptisés, elle sera appelée Communion[1]. Le mot « communion » désigne donc, en première instance, la réalité de la participation au Corps et au Sang du Christ. C’est par le baptême, en raison de  la Médiation de Jésus-Christ, le Verbe Incarné, mort et ressuscité pour  notre salut, que la personne humaine est appelée à cette participation dont elle reçoit la marque ou le signe. Cela pour l’Éternité. De fils d’Adam, l’homme devient fils de Dieu.

              Il n’y a pas que l’Église catholique qui baptise. La grande partie des Églises protestantes occidentales et orientales baptisent. Entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe, il y a plus que le baptême. Il y a la participation eucharistique et sous des formes diverses, le sacrement du pardon, l’onction des malades et le mariage. Ainsi, bien qu’il n’y ait pas entre les diverses Églises une pleine communion, existe quand même une « communion ». Catholiques et Orthodoxes communient dans la foi au Christ dans sa venue et, sa mission qui concerne le Salut. Ils reconnaissent que le Christ à envoyé ses apôtres, non comme des successeurs, mais comme des « disciples ». Ceux-ci ont tout reçu de leur Maitre et en particulier la charge et la responsabilité de transmettre le message, d’en assurer sa réalisation. Leur hiérarchie n’est pas identiquement la même mais dans l’une et l’autre s’exerce une autorité qui maintient l’unité. Seule l’Eglise catholique reconnaît une autorité ayant le pouvoir d’une juridiction suprême[2]. Depuis le Concile Vatican II, l’œcuménisme appelle tous les chrétiens à restaurer l’union. Cet appel ne s’applique pas uniquement à l’Église catholique, mais à toute Église particulière qui reconnait dans le baptême qu’elle administre la présence du Dieu céleste qui envoie sont Fils afin que le Salut puisse être offert à tous et que chacun mette au service de tous le don qu’il a reçu comme il sied à de bons dispensateurs de la grâce divine qui est si diverse » 1P,4,10   

              C’est à la suite de Paul VI, ce que Jean Paul II enseignait à toute l’Église

La réalité de l’Eglise-Communion est, dès lors, partie intégrante, bien mieux, elle représente le contenu central du «Mystère», c’est à-dire, du dessein divin du salut de l’humanité. Voilà pourquoi la communion ecclésiale ne peut se traduire parfaitement si on n’y voit qu’une réalité simplement sociologique et psychologique. L’Eglise-Communion est le peuple «nouveau», le peuple «messianique», le peuple qui «a pour chef le Christ … La condition de ce peuple, c’est la dignité et la liberté des enfants de Dieu … Sa loi c’est le commandement nouveau d’aimer comme le Christ Lui-même nous a aimés … Sa destinée enfin, c’est le Royaume de Dieu … et ce peuple est constitué par le Christ en une communion de vie, de charité et de vérité»(59). Les liens qui unissent les membres du nouveau Peuple entre eux _ et d’abord avec le Christ _ ne sont pas ceux de la «chair» et du «sang», mais bien ceux de l’esprit, plus précisément ceux de l’Esprit Saint, que reçoivent tous les baptisés (cf. Jl 3, 1).Jean Paul II, Christi Fideles Laïcis, n° 19

              L’Église catholique appelle donc à une Communion Ecclésiale toutes les Églises qui reconnaissent dans le Christ, le Sauveur du Monde et dans tous les baptisés, le Peuple de Dieu.

              Mais, l’Église est aussi une « société organisée hiérarchiquement et forme avec le Corps mystique, « l’ensemble discernable aux yeux et la communauté spirituelle ». Ainsi, contrairement à ce que voulait Luther : « l’Église terrestre et l’Église enrichie des biens célestes ne doivent pas être considérées comme deux choses, elles constituent au contraire une seule réalité complexe, faite d’un double élément humain et divin [3]» Ainsi l’Église n’est pas seulement une Communion Ecclésiale, elle est aussi une Communion hiérarchique. Gouvernée par les successeurs des apôtres qui forment un « Collège » unis entre eux, et en lien avec son chef, le successeur de Pierre (cum Petro et sub Petro), tous les baptisés forment une seule communion hiérarchique.

              Cette communion terrestre, l’Église de la Terre la vit avec l’Église du Ciel, avec tous ceux qui ont donnés le témoignage suprême de la foi et de la charité. L’Eglise a toujours cru que ceux-ci se trouvaient dans le Christ plus étroitement unis en même temps que la bienheureuse Vierge Marie et les saints Anges. Elle les a entourés d’une particulière ferveur « Car tout comme la communion entre les chrétiens de la terre nous approche de plus près du Christ, ainsi la communauté avec les saints nous unis au Christ de qui découlent, comme de leur source et de leur tête, toutes grâces et la vie du Peuple de Dieu lui-même »[4].

              Telle est la réalité de l’Église catholique : Communion ecclésiale avec les Églises particulières qui par le baptême reconnaissent l’œuvre salvatrice du Christ et l’unique Maître de la foi ; Communion hiérarchique à ceux qui admettent son gouvernement (magistère et vie sacramentelle) ; Communion ecclésiastique entre l’Église du ciel et l’Église de la Terre.

UNE ÉGLISE SYNODALE ?

              Cela posé, qu’ajoutent les mots, « Église synodale ». Un terme employé depuis la décision du dernier synode ? Un synode commencé au début d’octobre, qui se terminera le 29 de ce mois se poursuivra en octobre 2024.

              En soit le mot synode, pour désigner l’Église catholique, est ambigu. Le mot « synode » vient du terme grec sounodoS qui signifie simplement : réunion de personnes, confrérie. On pourrait l’employer pour n’importe quelle réunion. Si l’Église le conserve pour certaines formes de réunions dans lesquelles les évêques délibèrent et formulent un certain nombre de propositions, c’est pour marquer la grande différence entre un concile et un synode. Dans le premier millénaire, il y a eu une multitude de synodes locaux, et dans les deux millénaires, 21 Conciles œcuméniques[5]. Pour les évêques, le synode était la possibilité, voire la nécessité, de se réunir pour déterminer une action convergente ou une politique vis-à-vis des feudataires[6] et même vis-à-vis du suzerain et plus encore vis-à-vis de l’autorité royale afin de préserver la liberté de l’Église et de veiller à l’intégralité de sa doctrine et de sa discipline. C’était aussi pour protéger l’Église et assurer sa survie au moment où la structure politique comme l’empire romain d’Occident s’effondre lorsque Romulus Augustule signe l’acte d’abdication du 4 septembre 476 en pleine invasion des Barbares. Ces synodes, non seulement veillaient à la rectitude de la foi, à la discipline ecclésiastique, mais prononçaient la sanction des peines dont ils remettaient l’exécution au bras civil. Dans la longue histoire de l’Eglise ce n’a pas toujours été heureux ! Il suffit de se rappeler du cas de Jeanne d’Arc.

              Néanmoins ces synodes peu à peu tombés en désuétude ont été très précieux dans les temps passés. Les réunions synodales telles qu’on les tient aujourd’hui, ont été réintroduites par Paul VI, par la Lettre Apostolique Apostolica Sollicitudo le 15 septembre 1965. Si on lit le Motu Proprio on voit bien le but de Paul VI : Il convenait donc, surtout pendant la célébration du IIème Concile Œcuménique du Vatican, que Nous prenions profondément conscience de l’importance et de la nécessité pour Nous de faire appel de plus en plus à la coopération des évêques pour le bien de l’Église universelle. Le Concile Œcuménique a même été la cause de la résolution que Nous avons prise de créer d’une façon stable un Conseil particulier d’évêques, voulant par là, qu’après le Concile, le peuple chrétien puisse continuer à profiter des abondants bienfaits que lui valait, pendant le Concile, Notre étroite union avec les évêques »

DIFFENCES ENTRE SYNODE ET CONCILE

               Le synode est ainsi très différent d’un concile. Le synode n’a, en lui-même, aucun pouvoir de législation et même si l’autorité supérieure signe les propositions que lui sont faites, il n’a pas l’obligation de les mettre à exécution. Lorsqu’un concile œcuménique – ou non[7] – réunit tous les évêques, ou du moins tous les évêques qui peuvent s’y rendent, les décrets signés et approuvés par l’autorité supérieure ont un caractère obligatoire. En revanche, un synode des évêques n’est pas une modalité d’exercice de la collégialité. Dans un synode, les évêques nommés par leur Conférence épiscopale n’exercent pas un pouvoir collégial, c’est-à-dire le pouvoir de gouvernement sur l’Église tout entière[8] en union avec son chef, le Pape. Le synode répond aux besoins du Pape d’être aidé et conseillé dans son gouvernement, comme l’exprime clairement le Motu Proprio « Apostolica Sollicitudo ».

              Le synode dépend donc entièrement du Pontife romain qui le convoque, le préside, fixe ses titres de délibération et fait ce qu’il veut de ses conclusions. Cette assemblée synodale peut avoir trois types distincts d’assemblée générale : habituelle, extraordinaire générale ou spéciale. Les membres habituels sont des Évêques élus par les Conférences épiscopales. L’assemblée peut comporter d’autres membres acceptés selon le droit particulier du synode ou nommés directement par le Pontife Romain[9](Can 346). « Le synode des Évêques est la réunion des Évêques qui, choisis des diverses régions du monde, se rassemblent à des temps fixés, afin de favoriser l’étroite union entre le Pontife Romain et les Évêques et d’aider, de ses conseils, le Pontife Romain pour le maintien et le progrès de la foi et des mœurs, pour conserver et affermir la discipline ecclésiastique, et aussi, afin d’étudier les questions concernant l’action de l’Église dans le monde »[10] . Le synode n’est pas une forme de gouvernement de l’Eglise, c’est une réunion d’évêques qui a pour mission d’aider le Pontife suprême[11], même si quelques laïcs peuvent être présent[12].

              Étant donné que le synode n’est pas une assemblée législative, que viennent faire et dire les mots « Église synodale » ? Cela signifie-t-il que tous les chrétiens ont la permission ou même l’obligation de participer au gouvernement de l’Église et de dire ce qu’ils pensent des directions qu’elle impose ? Cela signifie-t-il qu’ils sont convoqués pour demander et même obliger les ministres ordonnés à répondre à leurs souhaits et  changer les règles sacramentaires ? Une Église synodale est-elle, par ses associations privées, ses réunions secrètes ou discrètes, une certaine forme de pression sur les Évêques pour les inciter à se « tenir à l’écoute » ou pour qu’ils soient favorables à leurs revendications associatives. Une Eglise synodale est-elle une Eglise qui les incite ses pasteurs à changer les normes de la moralité, principalement en ce qui concerne la morale sexuelle ? Une Église synodale serait-elle encouragée à faire pression sur le dicastère des évêques, pour recevoir comme nouvel évêque, un prêtre de leur choix ouvert aux besoins du monde ?  Autrement dit, une Église synodale, aurait-elle, parce que « synodale », le pouvoir et l’autorité sur les titulaires ou les préfets de la Curie romaine, afin de les tenir à « l’écoute » des revendications des groupes de pression qui veulent « changer » l’Église ?

Changer l’Église serait, à l’heure actuelle, enlever l’exigence du célibat pour les prêtres et même les diacres, si le nouveau candidat n’est pas marié. Cela voudrait dire « ordonner les femmes », considérer que l’homosexualité est une forme d’exercice de la sexualité aussi acceptable que l’hétéro sexualité. Changer l’Église signifierait pour certains, rendre le pouvoir du gouvernement épiscopal, à peu près nul, ou au moins l’affaiblir à un point tel qu’il ne serait plus que celui d’un administrateur des fonds ecclésiaux et l’organisateur des fonctions cléricales. Cela signifierait aussi que l’Église catholique ne devrait plus s’occuper des valeurs morales de la personne. Ces valeurs ne dépendant que de la conscience personnelle de celui ou de celle qui agit. Quant aux valeurs sociales, elles seraient entièrement sous la responsabilité de l’État et de ses lois.

              Or c’est exactement ce que Luther à voulu pour ses « Églises » et ce qu’il a appelé la « Réforme ».

              Si de tels changements pouvaient être proposés à un réunion d’évêques, un synode est insuffisant pour les soutenir et les proposer. Il faudrait un Concile. Et encore ! Un Concile qui agirait sans son chef et qui aurait, lui, le pouvoir suprême. Si cela arrivait, nous serions amené à revivre l’une des plus grandes crises de l’Eglise : le Conciliarisme, c’est-à-dire l’affirmation que le Concile est supérieur au Pape.

UNE ÉGLISE SYNODALE QUI FERME SES PORTES

              On ne sait pas trop ce que sera une Église synodale. Mais ce que l’on constate pour ce synode-ci, c’est que l’Église synodale, s’est enfermée derrière ses propres portes. On peut craindre, s’inquiéter, se poser des questions. Nous n’aurons pas de réponses. Mais cela ne nous empêche pas de réfléchir. Notre pensée doit se nourrir, ni de nos peurs, ni de nos désirs, ni de nos projections. Elle doit se nourrir de ce qu’est l’Église et de la vérité qu’elle enseigne depuis qu’elle est fondée par Jésus-Christ lui-même. Il ne faut pas oublier ses dernières paroles : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, et leur apprenant à observer ce que je vous ai prescrit. Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin de l’âge » (Mt 28, 17-20).

              Or comment l’Église fait-elle des disciples ? Par la prédication de l’Évangile et tout ce qu’elle comporte : les vérités théologiques et philosophiques nécessaires à la formation d’une intelligence droite et d’une volonté ferme dans la vie vertueuse. Cette vie vertueuse qui ouvre l’intelligence à la vertu de Foi, même si elle est infuse, c’est-à-dire donnée et non acquise. Elle l’est aussi par la vie sacramentelle dont elle n’a pas le pouvoir de changer leur nature car c’est le Christ lui-même qui en est l’auteur. Mais elle a l’obligation de veiller sur la discipline des sacrements qu’elle doit préserver et dont elle doit encourager la pratique. Même si une grande partie d’une « Église » « synodale » le demandait, elle n’a aucun pouvoir de changer[13] la nature du signe sacramentel.

IMPORTANCE ET IMMUTABILITÉ DU SIGNE SENSIBLE

              sans entrer dans de trop longues explications sur la réalité de la vie sacramentelle dans l’Église catholique (qui est la seule à avoir conservée son intégralité) Il faut souligner ce qu’il y a d’extraordinaire dans la réalité du sacrement qui ne vient que de la volonté pléniaire du Christ. Personne ne peut s’y opposer. Par le signe sensible qu’il a choisi, agit Sa grâce. Le signe sacramentel produit ainsi réellement ce qu’il signifie. L’eau qui coule sur le front du nourrisson de trois semaines – ou moins ou plus – accompagnée des paroles qui en donnent le sens (il ne s’agit pas de le laver, mais de le baptiser), signifie de façon radical le « titre » de l’origine de la vie humaine :  il n’est plus un fils d’Adam, il devient un « fils de Dieu », un chrétien ! L’imposition silencieuse des mains de l’évêque sur la tête de l’ordinand en fait soit un diacre, soit un prêtre, soit un évêque, selon le contenu de la prière consécratoire et la volonté manifestée publiquement  de conférer ce ministère. Ces signes sensibles ne peuvent changer ! On ne baptise pas avec du vin… on n’ordonne pas en embrassant !

              Une Église dite « synodale », même réunie en synode ou réunie en « concile » ne peut changer la nature de l’Église en tant qu’elle est une communion hiérarchique. Un concile n’aura jamais d’autres pouvoirs que ceux que le Christ à donné aux Douze qu’il a choisis pour les envoyer en « mission » par toute la Terre jusqu’à ce qu’Il revienne. Jamais l’Église, même synodale ! ne pourra donner l’onction et la mission hiérarchique aux femmes. Et ceci pour plusieurs raisons dont la première est, qu’une Église synodale qui ne serait pas une communion hiérarchique, n’existe pas. La deuxième est que le ministre adéquat des sacrements est l’évêque a qui il appartient de conférer à ceux qu’il choisit[14] l’onction sacerdotale pour l’aider à accomplir sa tâche et non pour la changer. L’Église ne pourra pas plus ordonner des femmes. La raison est simple : les Douze premiers évêques sont des hommes. Et pourquoi le Christ n’a-t-il pas constitué une communion hiérarchique « mixte » ? La réponse est aussi simple : celui qui reçoit l’onction sacerdotale n’agit pas dans l’extension de sa personne individuelle. Ce n’est pas en tant que « Paul, Jacques ou André » qu’il pose les gestes du signe sacramental, c’est en tant qu’il est « in personna Christi », c’est-à-dire, non en tant qu’il représente le Christ, mais en tant qu’il EST, dans l’acte qu’il pose, « la personne du Christ ». L’acte qu’il pose n’est pas un symbole, ce n’est pas un « geste » qui rappelle une action historique. C’est le geste que seul le Christ peut accomplir parce que seul il en a le pouvoir. « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre » (Mt 28, 18). Seul le Christ en raison de son Holocauste suprême et absolu, peut dans sa chair humaine, agir comme Dieu, en utilisant des gestes qui sont uniquement humains. « Il prit le pain et le rompit … il prit la coupe[15]. Il pardonne en disant, à la femme adultère : « Va et ne pèche plus » ce que dit la formule de l’absolution. Pour  agir « dans la personne du Christ » il faut en avoir les signes non seulement spirituels, mais physiques[16]. Autrement, le signe sensible se contredit lui-même. Ces signes – sauf celui de l’Eucharistie – ont été créés sous l’inspiration de l’Esprit Saint par des hommes, les apôtres et leurs successeurs choisis librement par le Christ pour poursuivre sa mission. Le pouvoir de consacrer n’est ni dans les vêtements, ni dans les désirs de l’officiant. Il est dans le corps de celui qui agit « in persona Christi ». Or le christ est un homme et non une femme.

Que penser en attendant le rapport final ?

              Devant ce projet d’une Église synodale nous sommes perplexes ! L’Eglise tient tout son être, sa foi, et sa mission de la volonté du Christ. Il nous est difficile de trouver dans ses paroles, dans les écrits des Père de l’Église, l’expression d’une Église qui serait synodale. Saint Paul aurait-il voulu d’une Église synodale ? En lisant certains textes on pourrait le croire : « Je vous le dis : marchez sous la conduite de l’Esprit Saint, et vous ne risquerez pas de satisfaire les convoitises de la chair. Car les tendances de la chair s’opposent à l’Esprit, et les tendances de l’Esprit s’opposent à la chair. En effet, il y a là un affrontement qui vous empêche de faire tout ce que vous voudriez. Mais si vous vous laissez conduire par l’Esprit, vous n’êtes pas soumis à la Loi (Ga 5, 16-18).

              Cela semble bien correspondre à la spiritualité dans laquelle ce synode s’est développé, dans ce recours constant à l’Esprit Saint, comme s’il était la seule Personne de la Trinité à conduire l’Église. On a oublié de  tenir compte d’un point théologique important : la distinction des Personnes est essentielle à  l’Être divin « ad intra », mais « ad extra » aucune Personne n’agit uniquement selon sa distinction consubstantielle. C’est toujours Dieu dans la plénitude de son Être Trinitaire qui agit. Cela n’empêche nullement de faire appel à l’Une où à l’Autre et de lui attribuer une distinction opérationnelle pourvu que l’on n’en fasse pas une distinction substantielle comme on fait une distinction entre Jean et Jeannine. Car la Trinité, n’est une réunion de « trois dieux ». Il n’y a qu’un seul Dieu ! On ne peut pas ne prier que l’Esprit Saint, même si cela plaît à notre spiritualité. Car c’est toujours Dieu qui agit, Père, Fils et Esprit. Le Père est toujours le Principe. Si  l’on prend la peine de regarder la prière du Christ, on voit qu’elle est toujours tournée vers le Père. Le Père de lui-même engendre le Verbe – le Fils – et de l’Amour du Père et du Fils procède l’Esprit Saint. Le Père envoie le Fils pour être le Témoin de la Vérité, c’est-à-dire pour nous apprendre qui est Dieu et aussi pour rendre au Père le droit à l’amour de la Création tout entière, réparant ainsi l’affreuse distorsion mortelle entre Dieu et l’homme. Le Rédempteur ayant accompli sa mission, retourne vers le Père et le glorifie non seulement comme Verbe – ce qui n’a jamais cessé –  mais aussi dans son humanité pleine de grâces et de vérité. Lui, le Christ avec le Père nous envoie l’Esprit Saint pour accomplir les fruits de la Mission du Fils, la Rédemption du Monde, c’est-à-dire sa Sanctification. L’Esprit Saint n’est pas un donneur d’idées originales, ni d’intuitions personnelles enveloppées de « charismes ». Il sanctifie le Monde, ce Monde sauvé par la Rédemption et créé dans la Paternité divine.

              Mais revenons à saint Paul : ce qu’il dit pour libérer les Galates de l’obligation de la loi hébraïque de la circoncision doit-il inspirer nos actes vis-à-vis de l’Église comme si, la rejetant comme « une communion hiérarchique », nous voudrions une Église fondée uniquement sur les « intuitions personnelles » des charismes donnés par l’Esprit ?

              Le Christ n’a pas fondée une Église synodale qui se développerait à coup d’intuitions personnelles qui surgissent au fond du cœur, ou de l’inconscient ! Le Christ a voulu une Église qui soit une « communion hiérarchique » « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église » (Mt 16, 18,16). Il a voulu un Collège apostolique qui agisse toujours en union avec son chef. Il a voulu que cette Église soit dirigée par ce Collège et par ses collaborateurs ministériels auxquels on donne l’Onction du choix et du ministère : du diacre jusqu’à l’évêque. Il faudra éviter impérieusement, en parlant d’une Église synodale, de sembler rejeter ou réduire la « communion hiérarchique » qui exprime vis-à-vis de toutes les Églises en communion ecclésiale, la réalité plénière de son Fondateur. Cette Église synodale fondée principalement sur l’égalité du baptême, efficace par les dons charismatiques, peut être séduisante – ou elle l’a été un moment – mais elle ne peut réduire ou même effacer, la communion hiérarchique à laquelle le Seigneur a donné la mission de gouverner l’Église dont il est le Fondateur et qui le demeurera jusqu’à la Parousie.

Aline Lizotte


[1] Lumen Gentium, n° 7

[2] Suprême ne signifie pas « absolu », il signifie, si on applique ce mot au pouvoir, qu’il ne peut être limité par aucun pouvoir humain qui lui serait supérieur, mais seulement par le droit naturel et divin

[3] Lumen Gentium, n° 8

[4] Ibid, n° 50

[5]Le premier fut Nicée en 325 ;  le dernier, Vatican II (1962-1965). « Les huit premiers conciles œcuméniques ont deux caractéristiques. Ils tous été convoqués à l’initiative des empereurs romains, tandis que les treize conciles œcuméniques suivant l’on été par les papes. Par ailleurs, ces huit premiers conciles œcuméniques se sont tous tenus dans une ville de la partie orientale de l’empire (Nicée, Constantinople, Éphèse, Chalcédoine), tandis que les suivants ont eu lieu en Europe (sept à Rome, un à Trente, trois en France – Lyon et Vienne – deux en Suisse – Constance et Bâle).  Yves Chiron, Histoire des conciles, Perrin, 2011, p.13

[6] Titulaire d’un fief, dépendant à ce titre d’un suzerain

[7] L’action collégiale des évêques n’est pas toujours celle d’un Concile œcuménique, il peut y avoir des Conciles locaux qui ne sont pas des synodes, parce qu’ils engagent la responsabilité collégiale des évêques toujours en lien avec le Pontife suprême. On peut considérer que le Conseil épiscopal latino-américain CELAM créé après la grande conférence de Rio de Janeiro convoquée de juillet à aout 1955 par le Pape Pie XII, constitue une sorte de Concile local, elle réunissait tous les présidents des Conférences épiscopales et un autre membre.

[8] Can 337 ou sur une partie de l’Eglise

[9] Leur nombre ne doit pas dépasser 15% des membres de droit.

[10] Can 342

[11] Le mot « suprême » dans le langage de l’Église ne signifie pas un pouvoir supérieur relativement aux autres pouvoirs considérés comme « inférieurs ». Il signifie qu’il n’est pas un pouvoir délégué, donc qu’il est le pouvoir propre de celui qui a le droit de l’exercer.

[12] Il faut rappeler qu’il n’y a qu’une distinction de chrétiens dans l’Église : les clercs, ceux qui ont un ministère ordonné et les laïcs, ceux qui sont baptisés et confirmés. Les religieux, s’ils ont reçu un des degrés du sacrement de l’Ordre sont des clercs, s’ils ne l’ont pas reçus, sont des laïcs. Ainsi toutes les religieuses sont des laïcs.

[13] Changer le signe n’est pas le rendre plus conforme à la nature du sacrement qu’il effectue. Par exemple, autrefois on considérait que le signe sensible de l’ordination presbytérale était une certaine onction qui consacrait les mains et donnait la permission de toucher aux vases sacrés que l’on présentait à l’ordinand. Aujourd’hui, on a compris que l’imposition des mains est le véritable signe du sacrement de l’Ordre quel que soit son degré : diaconat, presbytérat, épiscopat. On n’a pas changé le signe, on l’a amélioré. Changer le signe serait par exemple, consacré une galette de riz accompagné d’un saké, parce que plus conforme à une culture orientale que le pain (fait de la farine de blé) et du vin.

[14] L’évêque « choisit » par ce que l’on appelle, l’appel aux Ordres et celui qui pense de bonne foi que cela correspond au désir de Dieu pour lui, répond « ad sum ». Sans l’appel de l’évêque, il n’y a pas de vocation à un ministère ordonné. Même pas de « diaconesse » pour les femmes »

[15] On peut poser une question : A-t-il mangé le pain qu’il a rompu et qui était son corps , but le vin  qu’il venait de consacré et qui était son sang. Saint Thomas répond à la question : Certains  auteurs ont que le Christ à la Cène donna son corps et son sang aux disciples et toutefois ne consomma pas lui-même. Mais cette affirmation ne parait pas juste. Car le Christ a observé lui-même le premier les institutions qu’il voulait faire observer aux autres ; c’est pourquoi lui-même voulu être baptisé avant d’imposer le baptême aux autres conformément à la parole des Actes (1,1) Jésus commença à faire et à enseigner. C’est pourquoi lui aussi tout d’abord consomma son corps et son sang et ensuite le donna à ses disciples qui devaient les consommer. S.Th. IIIa, qu.81,a.1

[16] Saint Thomas dirait : Il n’y a rien qui soit dans l’intelligence s’il n’est d’abord dans les sens…