L’Instrumentum Laboris, (le document de travail du prochain synode) a été publié voilà quelques semaines. Il nous renseigne sur les thèmes qui seront traités lors de la prochaine Assemblée Synodale qui s’est ouvert le 4 octobre et se terminera le 29. Elle comprend 363 personnes parmi lesquelles, situation nouvelle, 70 laïcs dont 35 femmes. Comme tous ces participants ont un égal droit de vote, cette assemblée peut continuer à s’appeler Synode des évêques, mais elle n’engage pas le pouvoir de juridiction (de gouvernement) des évêques. Les votes manifesteront ce que, majoritairement, pensent les votants, ce qu’ils approuvent, ce qu’ils rejettent. Cela pourra faire connaître au Pape, et même aux fidèles, quelques courants d’opinion dans l’Église, mais n’obligera pas le Pape à agir dans un sens ou dans l’autre. Elle n’obligera pas, non plus, les chrétiens à accepter ses choix, ses méthodes et ses conclusions. Cette Assemblée n’est pas un Concile œcuménique. Quelle sera la portée juridique de ces résolutions au regard des règles de gouvernement dans l’Église ? Celle du Pape ne sera pas touchée. C’est plutôt celle des évêques qui, sans être juridiquement touchée, risque d’être mal comprise par le Peuple de Dieu[1].
Le pouvoir de juridiction
Le pouvoir de juridiction est ce qui donne à son titulaire, non seulement la fonction, mais l’autorité qui convient à sa tâche. Dans l’Église catholique, le pouvoir de juridiction est en principe lié au pouvoir d’Ordre, c’est-à-dire, à l’acte sacramentaire par lequel, un « homme », appelé par l’autorité compétente, est consacré au service de Dieu et de l’Église. Cet homme devient susceptible d’administrer, selon son ministère, des sacrements. Plus encore, il doit instruire le peuple de Dieu et l’aider à vivre l’exigence et les promesses de son baptême. Le pouvoir d’Ordre, donné par l’imposition des mains, comporte trois degrés : le diaconat, le presbytérat et l’épiscopat. Celui qui reçoit le sacrement de l’Ordre comme diacre[2] à le pouvoir d’administrer le baptême solennel, de distribuer la communion et d’aider à la préparation aux autres sacrements. Aucun autre pouvoir sacramentel ne lui est donné. Mais lorsqu’il pose ces actes, en tant que diacre, il le fait par un pouvoir qui lui est propre, comme que diacre, et non par délégation, comme pourrait le faire un laïc. Le prêtre a le pouvoir d’administrer tous les sacrements, sauf le sacrement de l’Ordre.. Le diacre, lui, a le pouvoir de préparer la personne au baptême et même de lui conférer, et ensuite de l’aider à vivre chrétiennement. C’est pour lui une mission canonique
L’évêque a le pouvoir sur tous les sacrements. Il a de plus le pouvoir de l’appel aux Ordres – pouvoir d’accepter ou de refuser un candidat à l’un de ces degrés – et aussi le pouvoir de permettre ou d’interdire aux prêtres qui sont sous sa juridiction l’exercice sacramentaire : celui du sacrement de la Réconciliation et celui de l’Eucharistie dite en public. De plus, lorsqu’en pleine communion avec le Pape, il prononce une vérité dogmatique, il jouit de l’infaillibilité que l’autorité du magistère. Ce magistère authentique est celui du Souverain Pontife quand seul ou avec les évêques en communion avec lui, il proclame une vérité à laquelle il attache la certitude de la foi et l’obligation de la recevoir, d’y adhérer et de la pratiquer[3].
Le Pape a évidemment tous les pouvoirs liés à sa fonction, c’est-à-dire tant qu’il demeure chef de l’Église. Entre autres c’est lui qui nomme les évêques, les assigne à tel ministère et définit leur responsabilité. S’il démissionne, il garde la dignité du sacrement qu’il a reçu, mais n’a plus la juridiction de la fonction. On n’avait jamais vu cela. Mais on a vu ce qui s’est passé avec Benoit XVI, qui n’ayant plus la fonction de gouverner l’Église, en gardait toujours la dignité. Il n’est pas revenu au titre de « cardinal Ratzinger »… il était toujours Benoit XVI et même mort, il garde ce nom.
Le pouvoir de juridiction est en lien avec le pouvoir d’Ordre. Pour gouverner un diocèse selon un pouvoir qui lui est propre, l’évêque doit avoir reçu le sacrement de l’ordre presbytéral[4]. S’il ne l’a pas au moment de sa nomination, on lui donnera si c’est possible. Cependant, ce n’est pas de ce sacrement qu’il tient son pouvoir de juridiction, c’est de l’assignation à la tâche du gouvernement d’une portion de l’Église universelle. Lorsqu’il démissionne, il demeure toujours évêque[5] en raison de la dignité du sacrement qu’il a reçu et qui est absolument inamovible. Cependant, n’ayant plus la tâche de ce gouvernement, il n’en a plus le pouvoir de juridiction. Il a toujours celui que lui confère, le sacrement de l’Ordre épiscopal : il peut toujours donner le sacrement de l’ordre épiscopal ou presbytéral ; mais non, « motu proprio », c’est-à-dire non sans la délégation de l’évêque qui est l’autorité canonique du nouvel ordinant. Ainsi, l’exercice public de ce droit pourrait, pour des raisons graves,[6] lui être enlevé, mais sa réalité qui dépend du pouvoir d’Ordre ne peut être abolie. Cela augmente sa responsabilité s’il utilise un pouvoir d’Ordre hors du pouvoir de juridiction, car le pouvoir d’Ordre n’est pas donné pour satisfaire un charisme personnel ou pour introduire une « réforme de son inspiration personnelle dans l’Église », mais pour son Bien commun, lequel est confié au Souverain Pontife et aux Évêques en communion avec lui .
Lorsque le siège épiscopal est vacant, le vicaire général ou celui qui serait désigné pour accomplir cette tâche, gouvernera le diocèse jusqu’à la venue du nouvel évêque. Et après ? Il fera ce que lui inspire son bon sens… et l’Esprit. Mais l’expérience aidant, il a de fortes chances que lui tombe sur la tête et l’ordination épiscopale et la charge qui va avec ! Évidemment, dans un autre diocèse ! L’Église a assez d’expérience et de bon sens pour agir avec prudence !!!. Elle croit, bien entendu à l’Esprit Saint, mais elle sait aussi ce qu’est la faiblesse humaine et tous les embrasements qui l’accompagnent !
La Séparation des Pouvoirs
Ce petit rappel est nécessaire pour comprendre l’état de crise que l’on vit, quoique discrètement, dans l’Église d’aujourd’hui. Car, mine de rien, des courants se dessinent qui mettent en doute ce que je viens de décrire : le lien entre le pouvoir d’Ordre et le pouvoir de Juridiction. Sans le dire on affirme que l’Église ne sortira pas de ce que l’on appelle sa crise, si elle ne consent pas à une séparation des pouvoirs. De quoi parle-t-on ?
La théorie de la séparation des pouvoirs, en ce qui concerne la société civile, est l’œuvre de Locke et de Montesquieu. C’est dans son livre, De l’esprit des Lois[7] que Montesquieu élabore sa théorie de la séparation des pouvoirs. Mais, bien avant lui, Aristote avait fait la distinction entre ce qu’il appela le pouvoir délibérant, le pouvoir de la magistrature ou le pouvoir exécutif, et le pouvoir judiciaire[8]. Nous avons gardé à peu près les mêmes mots : pouvoir législatif, pouvoir exécutif, pouvoir judiciaire. Ce qui vaut pour les « démocraties » s’applique-t-il à l’Église ?
L’Instrumentum Laboris insiste sur un point qui semble être l’élément fondamental du Synode, la reconnaissance d’une Église synodale, c’est-à-dire d’une Église communion. On donne au mot communion, le sens de « marcher ensemble »[9] et il se traduit par les titres : communion, participation, mission. Ces éléments ont été rédigés après une longue enquête lancée par le Pape et confiée aux conférences épiscopales de tout l’univers catholique. Cela a donné comme résultat, un nouvel horizon pour l’Église catholique ; elle devrait devenir une « Église toujours plus synodale qui manifeste son identité et sa vocation ». Et quelle est sa vocation ? Marcher ensemble, faire synode, se rencontrer : « c’est rencontrer le Seigneur qui est au milieu de nous »[10]. Entre nous, il y a des différences ; qui sont celles de l’âge, du sexe, des conditions sociales. Ces différences manifestent autant de « charismes », de richesses, de vocations ecclésiales, qui sont autant de « dons » que les Églises locales offrent à l’Église synodale… du moins à l’Église qui devrait devenir synodale.
Lire cette apothéose de la communion est, d’une certaine façon, fort émouvant. Cependant, des questions se posent : l’Église n’est-elle qu’un lieu de rencontres sociales animées par une certaine « charité » en vue de devenir une Église synodale ? L’Église n’est-elle pas synodale par nature ? La conception qui est mise sous le mot « communion » ne cache-t-elle pas une tentative d’opposer l’Église « communion » à l’Église « Institution » ? La « communion » dans l’Église ne serait-elle, primordialement, que d’être un lieu d’écoute, un partage charismatique, une fusion sociale, une prise en charge de la souffrance des pauvres, des migrants, des malades, des divorcés, bref de toutes les déficiences et faiblesses de l’humanité ? Faut-il travailler pour que l’Église soit de moins en moins une Église « institution » pour devenir une Église « communion » ?
Travailler à faire de l’Église « institution » une Église « communion » c’est ce que l’on sent en lisant cet Instrumentum Laboris. Une Église « institution » est une Église hiérarchisée, une Église structurée qui, si elle introduit chaque baptisé dans la communion totale à l’humanité du Christ, ne donne pas à tous, ni la même mission ni la même participation. Opposer l’Église « institution » à l’Église « communion » en cherchant à décléraliser le pouvoir de juridiction c’est-à-dire en ouvrant le sacerdoce ministériel à tout homme marié ou non et, pourquoi pas, même aux femmes, c’est chercher à réduire l’Église « institution » à la portion congrue, ou plus exactement à une superstructure simplement juridique , et, sans la supprimer, lui donner moins d’importance.
Dans certains milieux catholiques, (c’est ce qui s’entend), l’Église doit accepter la « séparation des pouvoirs ». Elle ne doit plus exiger que le pouvoir de juridiction soit lié au pouvoir d’Ordre. C’est la « séparation des pouvoirs » ! On garde, pour ceux qui le veulent, l’ordination sacerdotale incluant le célibat ; mais c’est un choix personnel. Un choix dont on cherche à diminuer l’importance. Le sacrement de l’Ordre aura toujours sa valeur et son importance, mais il ne sera pas, à lui seul, la condition du pouvoir de juridiction lequel n’est pas de source sacramentelle. Certaines fonctions, sacramentelles ou non, ne pourraient-elles pas être accomplies par des laïcs ? Devant la pénurie des vocations sacerdotales, l’Église catholique ne devrait-elle pas examiner attentivement cette solution, et ainsi, faire avancer l’Église « communion » ?[11] Il ne s’agit pas de faire disparaître le pouvoir d’Ordre mais de faire disparaître son importance, entre autres, en n’exigeant plus le célibat sacerdotal qui ne devrait pas être imposé, (sauf quelques exceptions historiques comme en orient par exemple), mais ne devrait relever que d’un choix personnel ? Certaines fonctions du pouvoir de juridiction devraient s’étendre à tout baptisé quel que soit son état, laïc ou non. Pourquoi, par exemple, faut-il nécessairement un prêtre pour donner l’onction des malades, quand un diacre, même marié, a préparé une personne en fin de vie, à mourir. Possible ?
Si l’on n’y fait pas attention, on pourrait se retrouver un jour devant des églises dont l’entretien et la mise en ordre des actes du culte soient confiés à des laïcs qui seront chargés de tout le fonctionnement cultuel et social… et qui garderont un bon « vieux » prêtre pour les actes sacramentaires qu’ils ne pourront accomplir. L’Église « institution » sera, alors, en train de s’effondrer. Il ne restera rien ! Il vaudra mieux être membre du YMCA[12] ou du YWCA, ce sera plus intéressant et moralement moins contraignant !
Les Églises protestantes comportent beaucoup de « femmes pasteurs » peut-être même plus que d’hommes. Elles ont une fonction de mise en ordre des actes de culte, de formation, d’enseignement même. Elles connaissent souvent beaucoup mieux la Bible que nos propres prêtres ! Elles sont le plus souvent mariées. Elles feront très bien ce qu’un prêtre catholique fait[13], ce qu’un évêque ordonné accomplit. Mais il y a quelque chose qui manque : la configuration incarnée visiblement à Jésus-Christ. C’est une forme essentielle de communion au Christ Rédempteur que l’Église catholique conserve précieusement et qu’elle juge inamovible. Elle est aussi importante que la communion spirituelle, mais elle assure de surcroit la vérité réelle (res : de la chose) et le témoignage de cette communion, venant de la volonté même du Christ : ceci est mon corps , ceci est mon sang.
La place de la femme dans l’Église
Dans les fiches de travail, l’un des sujets de discernement est la place de la femme dans l’Eglise : « Quelles mesures concrètes l’Église peut-elle prendre pour renouveler et réformer ses procédures, ses dispositifs institutionnels et ses structures afin de permettre une plus grande reconnaissance et participation des femmes, y compris dans la gouvernance, les processus décisionnels et la prise de décision, dans un esprit de communion et en vue de la mission »
Quand on lit cette question, on s’assoit pour respirer et reprendre ses émotions. Telle qu’elle est posée, cette fiche de travail considère que l’Église, dans « ses procédures, ses dispositifs institutionnels et ses structures » ne donne pas à la femme la place qu’elle devrait avoir. On la considère toujours comme une « mineure déphasée ». Les fiches de travail publiées en complément de l’Instrumentum Laboris, montrent plus clairement, que c’est bien l’Église institutionnelle qui est visée.
On ne voudrait plus d’une Église qui n’accorderait pas aux femmes un pouvoir de juridiction. Il est vrai qu’une femme ne peut pas être ordonnée, diacre[14], prêtre ou évêque. Si avoir une présence dans l’Église, c’est avoir la possibilité à l’égale de l’homme d’être diacre, prêtre ou évêque et que cela dépende des procédures, des dispositifs institutionnels et des structures de l’Église, cette dernière, si elle demeure coincée comme Institution, ne sera jamais une véritable Église de communion. Elle n’admettra jamais que les femmes puissent avoir une présence institutionnelle en son sein ! Donc une femme aura toujours dans l’Église une place inférieure. Même Marie Mère de Dieu ? Même Marie-Madeleine à qui Jésus ressuscité apparait en premier et lui confie la mission d’en avertir ses apôtres ? Même Thérèse d’Avila, docteur de l’Église, qui n’avait pas de place structurelle dans l’Église ?… Elle n’aurait qu’une place spirituelle pour ceux et celles qui aiment sa façon de diriger leur vie spirituelle ? Même Catherine de Sienne qui a suffisamment d’autorité pour inciter le Pape Grégoire XI à quitter Avignon pour retourner à Rome ? Même Mère Thérèsa, fondatrice de l’ordre des Missionnaires de la Charité en 1950, qui a voué sa vie aux déshérités de Calcutta et d’autres villes de l’Inde, qui a notamment créé plus de 50 écoles et 200 centres d’accueil, orphelinats, cliniques mobiles, etc. ? Mais qui n’a pas sa place dans l’Église ? Même Thérèse de Lisieux qui découvre et enseigne une voie de vie spirituelle accessible à tous ? Même Jeanne Jugan, persécutée par un clerc qui s’est emparé de son œuvre ; et qui a été rétablie comme la fondatrice des Petites Sœurs des Pauvres ?. Et de combien ? On pourrait allonger la liste. Toutes ces femmes n’auraient pas de place dans l’Église parce qu’elles ne peuvent pas être titulaires d’un pouvoir de juridiction ? Donc elles n’auraient aucune influence sur le gouvernement de l’Église ? Faut-il être aussi borné pour penser que la « place » dans l’Église dépend de la mitre et de la crosse !
Les insignes de l’évêque sont le signe de son autorité comme pasteur d’une partie de l’Église, appelée diocèse, ou de toute l’Église, comme l’évêque de Rome. Mais cela ne détermine aucunement la « place » dans l’Église, car seul le baptême donne « une place » dans l’Église. S’il fallait avoir une autorité de gouvernement dans l’Église pour être reconnu et y avoir une « place », il y a longtemps qu’il n’y aurait plus d’Église. Avoir la place qu’on veut donner à un baptisé, pour y être reconnu, souvent imité, plusieurs fois aidé ou consolé, instruit ou soigné, soutenu par la prière et l’amitié, cela n’est pas lié aux insignes du gouvernement. Ce gouvernement est essentiel pour maintenir les foyers territoriaux et moraux des chrétiens qui ne sont pas des « substances séparées » mais des êtres humains ayant un corps et une âme. Le curé dans son Église, l’évêque dans son diocèse, le pape pour toute la chrétienté, ont le devoir de maintenir la foi et par conséquent, de combattre l’erreur, de nourrir l’espérance et la certitude du gouvernement divin, de veiller à la vérité des liens de la charité. Mais, ils ont aussi, le devoir intime de la sainteté pour eux-mêmes et c’est ce qui est le plus important. Et cela est vrai pour les hommes et pour les femmes ! Une relation de « notoriété » exige-t-elle, le port de la mitre et de la crosse ? N’exige-t-elle pas surtout, la sainteté, pour tous, hommes et femmes, Pape, Évêques, Prêtres, Diacres, Laïcs. Où est la supériorité ? Dans la position institutionnelle ou dans le témoignage ? Si c’est dans la position institutionnelle, alors il faudrait canoniser Alexandre VI ou Jules II, et non Bernadette Soubirous ?
Les hommes comme les femmes sont devant Dieu des êtres humains rachetés par le sacrifice du Christ et en cela ils sont parfaitement égaux ! Devant Dieu ils ont les mêmes devoirs. Et devant Dieu, chaque baptisé à une mission et ce n’est pas toujours de conduire la mission. L’essentiel est d’accomplir sa mission… et non de porter une mitre. Heureux ceux qui n’en ont pas ! Ils sont plus libres ! Quant aux degrés de sainteté, il faut attendre, pour le notifier, le jugement de l’Église ou mieux le jugement universel. Mais entretemps, il faut vivre dans l’intimité du Seigneur.
Que les femmes ne soient pas candidates au port de la mitre, c’est une règle qui risque de ne pas changer. Et si elle changeait, cela créerait un profond bouleversement dans la vérité d’une Église « communion ». Mais, sans s’en douter, toute femme baptisée a une vraie mission dans l’Église. Laquelle ? Elle a comme mission de donner la vie ! Elle n’en sait rien, mais l’enfant qu’elle a mis au monde, pourra un jour porter la mitre et tenir la crosse. A qui l’enfant devra-t-il cette mission ? N’est-ce pas à celle qui l’a mis au monde ? Qui l’a porté, nourri, soigné, formé, qui lui a appris, dans le silence de son cœur, à faire de l’Église qui lui lance un appel, une véritable « mère ». Demandez-lui ! Le Fondateur de l’Église, c’est Jésus Christ ! Pour fonder l’Église, il a choisi ses apôtres et les a envoyés en mission. Mais à qui a-t-il confié cette Église ? À la seule femme en qui il avait pleine confiance. À sa propre Mère. Elle était vaillante et forte au pied de la croix, soutenue par le disciple bien aimé. Les autres s’étaient tous enfuis tremblant de peur ! Et l’on viendra nous dire que la femme n’a pas sa place dans l’Église ? Que faisait-elle au pied de la croix ? Uniquement clamer sa douleur ? Quelle est donc la place de la femme dans l’Église ? Celle que le Seigneur lui-même lui a donné, au pied de la croix ! Elle a affermi Pierre ! Adouci Paul ! Et, glorifié dans son corps et dans son âme, celle que le péché n’a jamais touché. Pour continuer sa véritable mission : apprendre à l’Église à être Mère. C’est la mission de toute femme, en tant que femme, qu’elle soit mariée ou consacrée. C’est la mission de l’Église qu’elle soit « communion » ou « institution ».
Aline Lizotte
[1] Il serait intéressant de lire dans Le Figaro du 14 aout 2023, l’article de Jean-Marie Guénois, sur le synode : Le trouble des catholiques face au synode
[2] Au degré inférieur de la hiérarchie se trouvent les diacres auxquels on a imposé les mains « non pas en vue du sacerdoce, mais en vue du ministère ». La grâce sacramentelle, en effet, leur donne la force nécessaire pour servir le Peuple de Dieu dans la « diaconie » de la liturgie, de la parole et de la charité, en communion avec l’évêque et son presbyterium. Selon les dispositions à prendre par l’autorité qualifiée, il appartient aux diacres d’administrer solennellement le baptême, de conserver et de distribuer l’Eucharistie, d’assister, au nom de l’Église, au mariage et de le bénir, de porter le viatique aux mourants, de donner lecture aux fidèles de la Sainte Écriture, d’instruire et exhorter le peuple, de présider au culte et à la prière des fidèles, d’être ministres des sacramentaux, de présider aux rites funèbres et à la sépulture. Consacrés aux offices de charité et d’administration, les diacres ont à se souvenir de l’avertissement de saint Polycarpe : « Être miséricordieux, zélés, marcher selon la vérité du Seigneur qui s’est fait le serviteur de tous. » Lumen Gentium, n° 29
[3] Lumen Gentium, n° 25
[4] Ce n’est que depuis Vatican II que l’on met en évidence par le sacrement de l’Ordre, le degré épiscopal et même le 1er degré diaconal En fait, il n’y a pas plusieurs sacrements de l’Ordre, il n’y a en qu’un. Par le sacrement de l’Ordre d’institution divine, certains fidèles sont constitués ministres sacrés par le caractère indélébile dont ils sont marqués ; ils sont aussi consacrés et députés pour être pasteur du peuple de Dieu, chacun selon son degré, en remplissant en la personne du Christ Chef, les fonctions d’enseignement, de sanctification et de gouvernement. (Can. 1008). Mais il y a 3 degrés : Les ordres son l’épiscopat, le presbytérat et le diaconat. Ils sont conférés par l’imposition des mains et la prière consécratoire que les livres liturgiques prescrivent pour chacun des degrés (Can 1009) Ainsi, il y toujours a dignité du degré attaché à la fonction canonique conférée par ce sacrement. Un évêque aura toujours la dignité de l’évêque. Le prêtre, s’il ne devient pas évêque, aura toujours la dignité du prêtre (prêtre pour l’éternité). Le diacre ordonné, restera diacre à moins qu’il n’accède au presbytérat. C’est ce qui arrive à tous les séminaristes qui deviennent diacre avant d’être prêtre. L’Église donnera le sacrement du diaconat à des hommes mariés… mais n’acceptera pas que des diacres se marient. Si l’homme marié, est diacre et qu’il devient veuf, il ne peut pas, étant diacre, convolé en justes noces !
[5] On dira qu’il est évêque émérite, ce qui marque sa dignité dans l’Eglise. Mais n’ayant de tâche de gouvernement, il est conséquent qu’il n’en a plus aussi un pouvoir de juridiction.
[6] Même démissionnaire, un évêque pourra avec le consentement de l’évêque local ou dans des circonstances graves ordonner un prêtre ou ordonner un évêque mais il commet une faute grave s’il le fait sans le consentement des autorités compétentes. C’est ce qui est arrivé, aux quatre évêques ordonnés par Mgr Lefebvre. Le Pape Jean Paul II prononça la sanction automatique prévue par le droit canonique en excommuniant Mgr Lefèbvre, en même temps que les quatre évêques devenus schismatiques ipso facto. Benoît XVI levant l’excommunication de ces derniers, ce qui indique qu’il en reconnaissant la validité, prenait acte de leur volonté de réintégrer la communion dans l’Église ; mais les autres sanctions canoniques (notamment la suspense) n’ont pas été levées. C’était comme un signe important du désir de l’Église d’une réconciliation, mais cette réconciliation n’entrainait pas avec elle la reconnaissance d’un pouvoir de juridiction concernant la dissidence lefèbvriste. Elle restait toujours schismatique.
[7] Montesquieu, De L’esprit des Lois, L. XI, ch.6
[8] Aristote les appelle : « le pouvoir délibérant (il délibère sur les affaires communes) : la seconde, celle qui a pour objet les magistratures (quelle est leur nature, leur compétence particulière et leur mode de recrutement ; la troisième celle qui rend justice » Politique, L IV, 1297 b36 – 1298a 2)
[9] IL, n°1
[10] Ibid, n°6
[11] C’est ce qui a eu lieu avec l’archevêque de Londres : Plus de vingt ans après l’ordination des premières femmes prêtres dans l’Église anglicane, et presque trois ans après l’ordination de la première « évêque », Sarah Mullally vient d’être désignée « évêque » de Londres, l’une des fonctions les plus élevées de cette institution. Au cours d’une conférence de presse à la cathédrale Saint-Paul, à Londres, lundi 18 décembre, la nouvelle « évêque » s’est dit consciente du fait que cette nomination pouvait s’avérer « difficile » pour certains.
[12] Young Men’s Christian Association ou Young Women’s Christian Association
[13] Du moins, il semble que le primat de l’Eglise anglicane, lors du couronnement de Charles III a « consacré » une hostie pour la communion et semble avoir fait ce qu’aurait fait un prêtre catholique. Seulement la doctrine protestante, ne reconnait pas la transsubstantiation ; et surtout, depuis Léon XIII, l’Église catholique a définitivement confirmé que les anglicans avaient rompu la continuité apostolique et que, par conséquent, leurs ordinations n’étaient pas valables. Dès lors, la soi-disant consécration opérée lors de cette cérémonie n’était qu’une simple bénédiction, signe d’une présence spirituelle du Christ, non une présence corporelle ! C’est toujours du pain « béni », ce n’est pas le « corps du Christ ».
[14] Diaconnesse au sens, d’un degré du sacrement de l’Ordre. Luther à dans un de ses livres, La captivité de Babylone a récusé toute la valeur identitaire des sacrements de l’Eglise catholique, ne gardant que le baptême