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La religion, une tradition, une culture, une foi, un projet politique ?

En 1998, le Père Jacques Dupuis publiait un livre : Vers une théologie chrétienne du pluralisme religieux (Cerf, Coll. Cogitatio fidei). Sa publication fit du bruit et sa mise en examen par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, dont le préfet était le cardinal Joseph Ratzinger, en fit encore plus. La Congrégation donna une sérieuse notification contre les graves déviations qu’il contenait[1]. Aujourd’hui, les thèmes traités par le Père Dupuis reviennent sur la pointe des pieds. Aussi, sans reprendre en rien les mises en garde de la Congrégation, cet article sera consacré, dans les limites de sa parution, à analyser quelques courants de cette doctrine qui, sans tomber dans le pluralisme, le frôle de près en cherchant dans les structures politiques un appui à la Foi. Je suivrai le document Dominus Jesus, publié par la Congrégation le 6 août 2000 et signé par le cardinal Joseph Ratzinger et par le secrétaire, Mgr Tarcisio Bertone.

« Eius regio, cujus religio [2]», cette phrase que Luther n’a probablement jamais prononcée lui-même bien qu’elle soit souvent citée, peut s’interpréter de diverses manières.  On la cite un peu à tort et à travers, quand on veut jeter à la face de l’Église la réalité de ses faiblesses et de ses politiques vis-à-vis des institutions sociales ; églises, écoles, hôpitaux, groupements, associations, journaux et même influence politique et multiples autres réalités dont, par Dieu, elle a la charge. Quelle qu’elle soit, l’Église n’est pas une réunion d’anges – substances séparées – et s’il y a des fidèles, il faut s’en occuper. Il lui faudra des lieux pour les recevoir :  églises construites avec des pierres et non seulement avec des prières, écoles avec des tableaux noirs et de la craie, et aussi des cantines pour nourrir ces petits… et probablement aussi des professeurs pour enseigner. Si elle doit s’occuper des malades, il lui faut quelque chose qui ressemble à des cliniques de soins ! Si elle doit défendre le juste et châtier le méchant, il faut qu’elle jouisse d’une vraie liberté et qu’elle puisse parler avec force et charité, même si ce qu’elle dit ne plaît pas toujours. Si « divine » soit-elle, l’Église militante fait face à toutes les difficultés de la vie humaine et quelque chose en plus : les obstacles, souvent très graves, à la diffusion de sa doctrine et à la direction spirituelle des baptisés. Être membre de l’Église chrétienne, c’est accepter que c’est, en elle et par elle, que nous devenons des chrétiens. Elle est vraiment existante avec ses ministres, ses laïcs[3], religieux ou civils. Elle fait nombre ! Si on met en prison quelques-uns de ses membres, elle ne disparaîtra pas, mais courageusement, elle vivra dans l’ombre. Elle continuera d’être elle-même.

Cette Église est universelle ! Son existence ne se mesure pas à la portion de terrain sur lequel habite ses membres. Et malgré de lourdes pressions, elle ne sera jamais une Église nationale. Car ses membres sont « urbi et orbi ». Et son Fondateur a mérité cette grâce pour tous les habitants de la Terre. Le salut est donné à ceux qui, la connaissant ou non, acceptent ou accepteraient de la recevoir, pourvu qu’ils la reçoivent dans les conditions qui sont celles de l’Église et non dans celles qui sont les leurs[4]. La grâce de Dieu n’a pas besoin d’une approbation officielle !

Ainsi, l’Église a des fidèles. Des fidèles qui sont des êtres humains et tout être humain à un corps et pas seulement une âme. Et l’âme a, comme premier devoir, de prendre soin du corps. En plus, des êtres humains, cela fait groupe, et les groupes forment des associations, et des associations forment des sociétés et les sociétés ont besoin d’un principe de gouvernement qui ne soit ni une tyrannie, ni une oligarchie. Une Église qu’elle soit catholique, orthodoxe, melchite, protestante, baptiste, anglicane etc…, n’échappe pas aux nécessités d’un groupe de personnes qui sont unies par une pensée « commune » – disent-elles -, par des finalités communes – pensent-elles -, des actions ou rites communs – veulent-elles.

Cela est déjà difficile à ordonner et à gérer. Mais ce n’est pas tout.  Car, souvent, Il y a des obstacles qui viennent de ses propres fidèles, des divisions qui se produisent, des souffrances et des amertumes qui en résultent. Le récit des Actes des Apôtres est un exemple de combat entre certains chrétiens. Après l’Ascension, « tous, d’un même cœur, étaient assidus à la prière, avec des femmes, avec Marie la mère de Jésus, et avec ses frères » (Ac 1, 14). Cela ne dura pas une génération. Alors que Paul et Barnabé dirigeaient la communauté d’Antioche, certaines gens venues de Jérusalem, des pharisiens devenus croyants, s’étaient joints à la communauté. Une dispute s’éleva au sujet de la circoncision. Les gens de Judée affirmaient que la pratique de la circoncision était obligatoire, pour tous, en vue d’être « sauvé ». Cela divisa la communauté d’Antioche (Ac 15, 1-7) et l’on dut faire appel à Jérusalem, aux « colonnes » Pierre, Jacques et Jean, pour trouver une voie d’apaisement.

On en est encore aux premières assemblées chrétiennes et on doit prendre conscience qu’il ne suffit pas d’être baptisé pour vivre une vie paisible dans le Christ. Une chose est d’avoir reçu le baptême, autre chose d’en faire une vie. Beaucoup d’éléments s’impliquent les uns les autres et certains semblent se contredire. Mais l’Église, elle, ne peut être dissoute par ses propres membres. Elle sera toujours en butte, beaucoup plus, aux conflits internes qu’aux attaques externes. Ses membres reçoivent tous la foi au baptême. Mais ils ne sont pas toujours des « fidèles » !

Quand Jésus-Christ dit qu’il va fonder son Ecclesia, il n’introduit aucune surprise chez ceux qui le suivent, car le mot et la réalité existent depuis longtemps dans la culture grecque. L’Ecclesia rassembleun groupe d’initiés ayant une vision commune, des manières de vivre, une certaine transcendance d’un réel nourri par le mythe (Eleusis, Orphée) auquel on ajoute un culte et dont les pratiques ont créé des rites de convivialité qui les relient (religion). Ainsi les mots : ecclesia, culte, religion sont connus et pratiqués depuis des siècles, surtout en Grèce, pour une classe élevée et instruite. Ce sont les mots qu’emploie Jésus, mais que signifient-ils pour nous ? Et qu’est-ce que l’Église en a retenu ?

          FOI, CULTURE, RELIGION, SALUT

Ces mots constituent une grande part de notre langage religieux. Nous avons la foi parce que nous savons que nous avons été baptisés, quoique nous en ayons, pour beaucoup, perdu le sens.   

Nous aurions conservé, dit-on, une certaine culture chrétienne. Elle se caractériserait par un nombre de valeurs que nous ne voulons pas perdre  : une vague croyance en Dieu et en son Fils, Jésus-Christ, qui était peut-être Dieu lui-même, mais qui est, avant tout, un être historique porteur des valeurs humaines fondamentales : l’égalité homme-femme, l’abolition de l’esclavage, une certaine transcendance, quelques fêtes, dites religieuses, très commercialisées et une pratique synchronisée par des rencontres surtout familiales : Noël, Pâques, Ascension, Assomption. Ce sont nos traditions ! Nous pouvons dire, en toute vérité, que malgré un taux très bas de pratique, notre sphère culturelle tient le coup. Nous ne sommes pas dans un univers culturel bouddhiste, hindouiste, islamique, judaïque ou même agnostique. Après tout, nous fêtons Noël en famille ! Et nous allons même à la messe ! Cela nous permet d’être ouverts à toutes ces formes de pratique religieuse qui ne sont pas les nôtres, mais que nous trouvons sympathiques, sans nécessairement y adhérer ! Et puis, nos parents croyaient à ces valeurs traditionnelles !

Et alors la religion ? Si on nous demande qu’elle est notre religion, nous dirons probablement : chrétien ou même catholique, sans trop savoir s’il y une différence. Mais que veut dire le mot religion ? Cela dit, deux choses : connaître un certain nombre de pratiques que nous accomplissons régulièrement, ou de temps en temps, ou presque jamais, sauf pour les funérailles des parents proches. Et non seulement les connaître, mais les inclure réellement dans notre manière de vivre. Ces pratiques que nous jugeons, belles ou ennuyeuses, font partie des obligations sociales auxquelles nous sommes tenus et nous nous honorons de les conserver. C’est souvent ce que l’on appelle « être chrétien ». C’est avec un certain soulagement que nous voyons qu’elles ont beaucoup diminué en nombre et en intensité. Si nous pratiquons encore, il y une certaine jouissance à constater que l’obligation à certains actes pénitentiels n’existe plus. Les quarante jours du Carême se passent, sauf le premier, comme les autres. Le jeûne est aboli… et l’abstinence réjouit le cœur de ceux qui aiment le poisson ! Non seulement nous avons conservé une culture chrétienne, mais nous pratiquons encore une religion chrétienne. Nous mangeons de la dinde à Noël et de l’agneau à Pâques !

          UNE RELIGION DE SALUT ?

Toute cette courte description concerne surtout une génération qui a maintenant cinquante ans et plus ; celle qui a conservé une religion de pratique et non une religion de salut. Aujourd’hui, la jeunesse qui la suit, ne veut plus d’une religion de pratique. Qu’est-ce qui lui reste ? Rien ou des rencontres qui apportent la joie d’être ensemble et auxquelles on ajoute la prière. On ne se rend pas trop compte que l’on est revenu à une religion de pratique ! Mais à une pratique qui plaît ! Qu’est-ce qui manque ?

Il manque la Foi ! Et j’entends par Foi, non une fidélité à la culture, ni des habitudes de la pratique. J’entends la vraie Foi qui ne trouve pas son refuge uniquement dans la spiritualité, c’est-à-dire dans la recherche de l’affectif surnaturel, mais dans la vérité de l’intelligence. La Foi n’est ni l’habitude de la culture, ni la répétition de la pratique. Elle est une puissance infuse d’une quête de Dieu, qui ne se confond avec aucune vertu morale, si haute soit-elle, ni avec des pratiques

, si fidèlement accomplies soient-elles ! Qui est Dieu ? Qui est ce Dieu que je glorifie en me tournant vers le Père, le Verbe, l’Esprit Saint. Quelle est la vérité que je cherche en recevant, par le Credo, la doctrine du Concile de Chalcédoine : l’union in persona de la nature divine et de la nature humaine dans le Christ ! Est-ce que je prends le temps de savourer les mots et d’entrer, ne fût-ce que sur la pointe des pieds, dans ce mystère invraisemblable -mais non irréalisable- de l’Incarnation ?  Est-ce que j’ai un tout petit souffle d’adoration devant cette réalité que je ne pourrais même pas recevoir et encore moins contempler, si Dieu lui-même n’était pas venu me chercher, pour se donner à moi, dans toute sa Vérité ?

La Foi en Dieu n’est pas l’Espérance qu’Il viendra toujours à notre secours ! C’est l’appétit de l’intelligence qui cherche Dieu et se rend compte que c’est Dieu qui le cherche. Et cette Foi, qui en est le garant ? L’Église, par l’Incarnation et l’Immolation totale du Fils. Cette grâce ne se partage pas, elle ne s’adapte pas à toutes les formes transcendantales de salut, elle ne s’adapte pas à toutes les cultures, elle n’est pas une récompense des pratiques. Elle est une « éducation » de l’intelligence qui la conduit vers la Vérité qu’un jour nous recevrons dans sa pleine lumière. Cette Vérité ne sera pas mesurée par la pauvreté de notre intelligence, mais par la fulgurante illumination que Dieu lui-même donnera à notre intelligence de la recevoir. Il la mesurera à la force de l’Amour qu’il nous a donné durant notre vie terrestre et que, librement, nous avons accepté de recevoir.

Oui ! La « religion » peut, d’une certaine façon, se mesurer à la portion de terre que j’habite ! Parce que selon ma « région », j’ai plus ou moins de nourriture spirituelle, plus ou moins de lieux de prières, plus au moins d’entraide à suivre cette pratique qui me soutient. Mais Dieu ne mesure pas sa grâce à une aire géométrique. S’il rend sainte une petite Indienne du fond des bois de l’Amérique, Kateri, ou Lucia, Jacinta et Francisco, trois enfants du Portugal, s’il se donne aussi à Thérèse d’Avila, à Catherine de Sienne, à Paul, l’Apôtre des nations, c’est qu’aucune aire géographique ne l’empêche d’agir ! La Foi ne dépend ni de mon lopin de terre, ni de mon quotient intellectuel. Elle ne dépend pas de ma culture, ni des habitudes de pratiques usuelles. Elle ne s’accroche pas aux injonctions familiales ! Elle est l’œuvre de Dieu. Elle agit dans toutes les circonstances et dans toutes les cultures. Elle engendre une religion qui favorise les actes de nos pratiques. Et si Dieu suscite une Église et une hiérarchie : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les Portes de l’Hadès ne l’emporteront pas contre elle » (Mt 16, 18), et qu’Il répète : « Amen, je vous le dis : tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel » (Mt 18, 18), c’est pour bien nous dire, avec certitude, que cette Église est son œuvre, une œuvre non uniquement spirituelle mais au cœur de la vie des hommes, fondée sur des responsabilités humaines : « Amen, je vous le dis : tout ce que vous aurez lié sur la terre… ». Ces responsabilités sont terribles, mais elles sont un don de Dieu que l’on n’a ni le droit de mépriser, ni le droit d’exalter, mais de recevoir en toute humilité et gratitude.

Aline Lizotte


[1] Jacques Dupuis, SJ, né le 5 décembre 1923 à Huppaye, dans le Brabant wallon avant la lettre (Belgique), et mort le 28 décembre 2004 (à 81 ans) à Rome, est un prêtre jésuite belgemissionnaire et théologien des religions en Inde. Il a enseigné la théologie dogmatique à partir de 1959 au théologat jésuite de Kurseong (et Delhi) en Inde et à partir de 1984 à l’Université grégorienne de Rome, où il est reconnu comme le spécialiste de la théologie du dialogue interreligieux. Ce livre fit l’objet d’un examen sérieux de cette doctrine par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Elle publia une notification dont voici la conclusion : « La Congrégation pour la Doctrine de la Foi, après avoir accompli la procédure ordinaire de l’examen dans toutes ses phases, a décidé de rédiger une Notification dans le but de sauvegarder la doctrine de la foi catholique d’erreurs, d’ambiguïtés ou d’interprétations dangereuses. Cette Notification, approuvée par le Saint-Père durant l’audience du 24 novembre 2000, a été présentée au Père Jacques Dupuis et acceptée par lui.  En signant ce texte, l’auteur s’est engagé à reconnaître les thèses énoncées et à s’en tenir à l’avenir, dans ses activités théologiques et ses publications aux contenus doctrinaux indiqués dans la Notification, dont le texte devra apparaître aussi dans les éventuelles réimpressions ou rééditions du livre en question ainsi que dans ses traductions ».

[2] Littéralement, cela signifie : « A chaque région, sa religion », mais cette phrase vient des politiques qui ont suivi Luther pour tenter de mettre un peu d’unité dans le fouillis religieux de l’époque ; à chaque région, la religion de son prince. Il est difficile de penser que l’empereur d’Autriche ait eu beaucoup d’autorité sur les princes allemands qui étaient tout de même des électeurs. En réalité, la religion du prince a toujours été celle de son peuple : le baptême de Clovis a entraîné la conversion des Francs, de même dans les autres pays, comme en Angleterre avec la conversion du roi par saint Augustin de Cantorbéry et partout, même les rois ariens entraînaient leurs peuples dans l’hérésie.

[3] Le terme « laïc » est un mot piège. Dans notre langage moderne, il signifie ce qui est opposé à « religieux ». En fait, c’est une erreur. L’Église pose une distinction entre ses fidèles. Parmi ces baptisés, Il y a des clercs klhroV,,, qui sont les ministres en charge d’un « office » (un travail comportant des responsabilités) religieux, ils ont reçu un pouvoir d’ordre et peuvent du fait de l’imposition des mains, exercer un service ministériel (pouvoir de juridiction) qui désigne une participation au gouvernement d’une société. Et il y a des laïcs laciosis qui ne sont pas des clercs car ils n’exercent pas un ministère ordonné dans l’Église. Un office religieux n’est pas simplement un acte sacramentel, il peut être un acte de gouvernement ou de direction spirituelle. Le mot laïc ne désigne pas ce qui n’est pas religieux – c’est un usage erroné de ce mot – mais désigne ceux qui sont attirés par ce qu’offre cette institution et qui s’engagent librement à suivre sa doctrine et ses préceptes. Étymologiquement, le mot laÏc désigne ceux qui sont attirés. Les laïcs ne sont pas uniquement des hommes et des femmes qui mènent une vie « civile » même chrétienne. Les laïcs sont tous ceux qui ne sont pas des clercs. Ainsi des personnes qui entrent dans une communauté religieuse et qui s’engagent par des vœux à mener une vie plus spirituellement engagée pour Dieu sont des religieux ou des religieuses. Mais, s’ils n’ont pas reçu l’ordination diaconale, presbytérale ou épiscopale, ils n‘ont aucun pouvoir de juridiction. Ce sont des laïcs religieux en vertu de leurs vœux qui sont des vœux de religion. Mais, que l’on soit clerc ou laïc, nous sommes tous appelés à la sainteté. Ceux qui ne prononcent pas des vœux, reconnus par l’Église, sont des baptisés, des laïcs chrétiens, mais non des religieux !

[4] C’est sur ce point que buttent les thèses du Père Dupuis. Les grâces de la Rédemption ne sont pas données aux croyants nominalement inscrits dans les formulaires des sacristies. Elles sont pour tous les hommes et tous les hommes peuvent en profiter, mais le moyen de transmission n’est pas celui des traditions cultuelles ou même religieuses de ces ethnies, mais uniquement la Rédemption opérée par le Christ, et sa transmission, par la réalité de l’Église catholique, même si elle est charnellement invisible. Elle le demeure par sa mission universelle, « pais mes brebis », et par la force de l’Esprit Saint, le lien visible de la transmission des grâces de la Rédemption. Aucune culture humaine, aucun groupe quelles que soient ses valeurs humaines et traditionnelles ne peut remplacer l’Église fondée par Jésus-Christ. Ces groupes peuvent contenir des valeurs et des pratiques humaines hautement louables, mais peuvent comporter de graves erreurs. Ainsi, un bouddhiste en restant bouddhiste pourra recevoir les grâces du salut, tout en demeurant bouddhiste, mais la grâce qu’il reçoit vient de la Rédemption opérée par le Christ et par la foi de l’Église qui prie et offre par l’Esprit Saint. Elle ne vient pas par un bouddhisme porteur des grâces de la Rédemption. Elle n’opère pas une transformation secrète du bouddhisme en un christianisme camouflé. La grâce peut être donnée en raison des conditions qui, dans le développement de cette culture religieuse, offre un terrain propice à la recevoir. Mais cette grâce ne sanctifie pas son adepte ; le croyant bouddhiste restera toujours bouddhiste même s’il devient un bon bouddhiste ;il ne deviendra pas un bon chrétien. C’est un être humain capable de recevoir la grâce de la Rédemption et sauvé par le Christ. Ainsi, l’Église reconnaît qu’il y a dans toute culture religieuse des éléments de bonté et de piété qu’elle ne méprise pas et qui constituent le terrain propice au don de la grâce. Mais elle ne reconnaît, ni n’accepte que ces éléments soient inclus dans la culture de ces données appelées « religieuses ». Le bouddhiste n’est pas « sauvé » en tant que bouddhiste, mais en tant qu’il est une personne créée par Dieu et qui, en vertu de l’universelle Rédemption, a « droit » de participer au salut. Il faut ici méditer le décret Ad gentes du Concile Vatican II.