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La Miséricorde qui fâche

Depuis son élection le 13 mars 2013, le Pape François a un dessein : rejoindre, au nom de « la miséricorde pour tous », l’Église du dehors ou des périphéries. Beaucoup de chrétiens en situation dite irrégulière en font partie, en particulier les divorcés remariés et les personnes en couple homosexuel. Depuis dix ans cette sollicitude a conduit le Pape à des prises de positions de plus en plus marquées et de plus en plus contestées dans l’Église. C’est dans ce contexte déjà tendu qu’est intervenue le 18 décembre la déclaration Fiducia Supplicans qui autorise, c’est du moins comme cela que le public l’a compris et que ses plus ardents défenseurs entendent l’appliquer, la bénédiction de couples homosexuels ; et ce, en dépit des dénégations officielles et restrictions interprétatives intervenues ensuite, mais qui n’ont guère convaincu. Pour comprendre les raisons et les conséquences de ce texte, il faut l’inscrire dans ce qui apparaît être une ligne forte du pontificat.

Jean Marie Guénois, qui a écrit un remarquable livre intitulé « François – La Révolution » où il analyse, à partir de son expérience, les orientations du pontificat et la manière de gouverner du Pape, note sur son blog du Figaro que « François, dès son élection en mars 2013 n’a cessé d’adresser des messages de bienveillance à la communauté homosexuelle tout en ne cachant pas l’enseignement de l’Église. »[1]

Cette sollicitude ne concerne d‘ailleurs pas seulement les couples homosexuels mais tous les couples qui vivent hors des normes morales de l’Église. François l’écrit dans Amoris Laetitia : « Il s’agit d’intégrer tout le monde, on doit aider chacun à trouver sa propre manière de faire partie de la communauté ecclésiale, pour qu’il se sente objet d’une miséricorde ‘‘imméritée, inconditionnelle et gratuite’’. Personne ne peut être condamné pour toujours, parce que ce n’est pas la logique de l’Évangile ! Je ne me réfère pas seulement aux divorcés remariés, mais à tous, en quelque situation qu’ils se trouvent » (§ 297). Un souhait que personne ne récuse mais qui peut cacher des ambiguïtés, donner lieu à des interprétations opposées et susciter des divisions dans l’Église. Examinons rapidement le fil des événements : face à de nombreuses oppositions, le dessein du Pape n’en apparaîtra que mieux.

2013 : « Qui suis-je pour juger ? »

Le 13 mars 2013, Jorge Mario Bergoglio est élu Pape. En juillet il se rend à Rio pour les Journées mondiales de la Jeunesse. À son retour, le 28 juillet, il tient une conférence de presse dans l’avion. Il est de notoriété publique que de nombreux membres des dicastères romains sont des homosexuels actifs[2]. Ce n’est pas propre à Rome. Le rapport de la CIASE, en France, témoigne que la question de la pédophilie cache en fait de nombreux actes d’éphébophilie donc d’homosexualité et non de pédophilie au sens strict du terme[3]. À une question provocatrice d’un journaliste sur les lobbies gays dans l’Église, le Pape répondit spontanément dans l’avion :

« Vous parlez du lobby gay. Bah ! On écrit beaucoup sur le lobby gay. Je n’ai encore trouvé personne au Vatican qui me donne sa carte d’identité avec « gay ». On dit qu’il y en a. Je crois que lorsqu’on se trouve avec une telle personne on doit distinguer le fait d’être « gay », du fait de faire un lobby ; parce que les lobbies, tous ne sont pas bons. Celui-ci est mauvais. Si une personne est gay et cherche le Seigneur, fait preuve de bonne volonté, qui suis-je pour la juger ? Le catéchisme de l’Église catholique l’explique de manière très belle, mais il dit, attendez un peu comment il dit… il dit : “Nous ne devons pas mettre en marge ces personnes pour cela, elles doivent être intégrées dans la société”. Le problème n’est pas d’avoir cette tendance, non, nous devons être frères (…). Le problème est de faire de cette tendance un lobby : (…) voilà le problème le plus grave pour moi. »

Les journalistes et le public retiennent le « Qui suis-je pour juger ? ». Une phrase qui n’est pas celle de Jésus à la femme adultère : « va et ne pèche plus », mais qui veut exprimer la mansuétude évangélique du Pape pour les personnes tout en refusant le prosélytisme et les lobbies. 

2014-2015 : Synode sur la famille

Le document préparatoire des deux synodes sur la famille posait la question des couples en situation irrégulière et des personnes homosexuelles. Dans le document final, le sujet est écarté par les deux tiers de l’assemblée. Le cardinal Velasio De Paolis ne mache pas ses mots. Selon lui, autoriser la communion des divorcés remariés « seraient d’une gravité inouïe ». Elle mettrait « en discussion le principe général de la nécessité d’être en état de grâce sanctifiante pour pouvoir accéder à la communion eucharistique » et plus généralement « la morale sexuelle, fondée en particulier sur le sixième commandement … Vivre en conjoint avec un partenaire qui n’est pas son propre mari ou sa propre femme est un acte intrinsèquement mauvais qui ne peut être justifié par aucun motif […] Il s’agit d’une loi divine qui par nature couvre tous les cas et n’admet aucune exception ». Parmi les cardinaux il n’est pas le seul à penser ainsi. Cette absence de prise de position à la fin du synode apparait à certains commentateurs comme un échec du Pape, à d’autres comme une habileté.

2016 : Amoris Laetitia

Le 19 mars François signe l’exhortation post-synodale Amoris Laetitia. L’exhortation publiée le 8 avril n’évoque que brièvement la question des couples homosexuels dans un paragraphe (§ 251) très court dont voici le texte intégral : « Au cours des débats sur la dignité et la mission de la famille, les Pères synodaux ont fait remarquer qu’en ce qui concerne le “projet d’assimiler au mariage les unions entre personnes homosexuelles, il n’y a aucun fondement pour assimiler ou établir des analogies, même lointaines, entre les unions homosexuelles et le dessein de Dieu sur le mariage et la famille”. Il est inacceptable que les Églises locales subissent des pressions en ce domaine et que les organismes internationaux conditionnent les aides financières aux pays pauvres à l’introduction de lois qui instituent le “mariage” entre des personnes de même sexe ». Et au § 278 l’exhortation cite en note, le § 4 des Considérations à propos des projets de reconnaissance légale des unions entre personnes homosexuelles, publiées par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi le 3 juin 2003[4].

Cela n’empêchera pas l’exhortation d’être abondamment critiquée sur la question des divorcées remariés dans les deux années qui suivent.

A la suite des journées mondiales de la jeunesse 2016 et d’une rencontre privée avec le Pape Mgr Stanisław Gądecki, archevêque de Poznam et Président de la conférence épiscopale polonaise rejette la possibilité de la communion pour des couples non mariées à fortiori pour les couples homosexuelles. Aux Etats- Unis des théologiens pointent « une mauvaise utilisation du document du Pape » par certains. Il lui demande de condamner huit interprétations comme des « erreurs contre la foi catholique ». Le pape François ne leur répondra pas.

Les cardinaux Raymond Burke, Carlo Caffarra, Walter Brandmüller, Joachim Meisner, après d’autres personnalités, demandent à leur tour des clarifications au Pape. Ils lui soumettent cinq dubia. La pratique des dubia dans l’Église réclame une réponse par « oui » ou « non », éventuellement assortie d’un commentaire. Le Pape ne leur répondra pas, pas plus qu’il n’a répondu aux autres. Les quatre cardinaux décident alors de rendre publics ces dubia le 14 novembre 2016. Les sujets en question sont l’accès des divorcés-remariés à la communion, l’existence de normes morales absolues, l’affirmation de péché mortel en cas d’adultère, la primauté de la réalité d’un acte sur son intention, et l’exclusion de la conscience comme raison de légitimation d’actes intrinsèquement mauvais. De nombreux prélats ou universitaires, s’associent à leur démarche Pour l’un des signataires, le Cardinal Burke, « certaines parties du document contiennent des ambigüités et des déclarations qui sont comme des nœuds qui ne peuvent pas être facilement déliés et sont source de grande confusion. Partageant la dévotion du Pape à “Notre-Dame qui défait les nœuds”, nous lui demandons de clarifier ces déclarations équivoques et, avec l’aide de Dieu, de détacher une partie des nobles déclarations du document pour le bien des âmes. »[5]

Par ailleurs, le rédacteur en chef de la Civita Catholica, considéré comme l’un des plus proches interprètes de la pensée du Pape, le jésuite Antonio Spadaro aujourd’hui sous-secrétaire du Dicastère pour la Culture et l’Éducation, répond aux questions de CNN. Il estime le débat « intéressant mais qu’en réalité les questions des cardinaux ne requièrent pas de réponses, puisque celles-ci ont déjà été données »[6].

2017 : Suite des dubia et correctio filialis 

Mais ce n’est pas fini. Le 8 janvier 2017, les évêques de Malte publient une déclaration intitulée Criteria for the Application of Chapter VIII of Amoris Laetitia.[7] Ils considèrent que des passages de l’encyclique, notamment le chapitre VIII, reviennent à supprimer le canon 915 du code de droit canonique et à amputer sérieusement le canon 916. Pour les évêques de Malte, pour approcher des sacrements il faut être « en paix avec Dieu » (« at peace with God »).

Le 11 août 2017, une correction filiale (correctio filialis) est remise au Pape.. Cette étude critique en 19 points se veut dans la continuité des dubia. En l’absence de réponse du Saint-Siège, la correction d’abord signée de 62 signataires, clercs et laïcs universitaires est rendue publique sur internet le 27 septembre.[8]

Face à ce tollé, le Pape ne parle plus ; il agit. Le 19 septembre 2017, il promulgue un motu proprio intitulé Summa familiæ cura qui fusille l’Institut pontifical théologique pour le mariage et la famille créé par Jean-Paul IIen 1981. Il le transforme en un Institut pontifical théologique pour les sciences du mariage et de la famille. Celui-ci aura désormais comme programme une vision élargie de la famille. Une grande partie des enseignants est écartée. Selon Mgr Vincenzo Paglia, son grand chancelier, par ailleurs Président de l’académie pontificale pour la vie, désormais « on y étudiera l’histoire et le droit de la famille, sujets qui ne sont pas actuellement présents de manière assez robuste dans l’Institut » et les études seront ouvertes à « toutes les questions du genre, du soin de la Création confiée à l’homme et à la femme, les relations entre les générations, les questions de paternité et de maternité… »

2021 : Réponse puis éviction du cardinal Ladaria

Le cardinal jésuite Luis F Ladaria, prédécesseur de l’actuel préfet du Dicastère pour la Doctrine de la Foi, inquiet des propositions qui remontent vers Rome en particulier du synode allemand, répond « non » de manière argumentée et explicite à la question sensible des bénédictions pour des couples de même sexe.[9] Voici les principaux extraits de ce texte important :

« Au genre des sacramentaux appartiennent les bénédictions, par lesquelles l’Église appelle les hommes à louer Dieu, les invite à demander sa protection, les exhorte à mériter, avec la sainteté de leur vie, sa miséricorde… En outre, instituées en quelque sorte à l’imitation des sacrements, elles se rapportent toujours et principalement à des effets spirituels, qu’elles obtiennent par l’imploration de l’Église.

Par conséquent, pour être cohérent avec la nature des sacramentaux, lorsqu’une bénédiction est invoquée sur certaines relations humaines, il est nécessaire – outre l’intention droite de ceux qui y participent – que ce qui est béni soit objectivement et positivement ordonné à recevoir et à exprimer la grâce, en fonction des desseins de Dieu inscrits dans la Création et pleinement révélés par le Christ Seigneur. Seules les réalités qui sont en elles-mêmes ordonnées à servir ces plans sont donc compatibles avec l’essence de la bénédiction donnée par l’Église.

Pour cette raison il n’est pas licite de donner une bénédiction aux relations ou partenariats, même stables, qui impliquent une pratique sexuelle hors mariage (c’est-à-dire hors de l’union indissoluble d’un homme et d’une femme ouverte en soi à la transmission de la vie), comme c’est le cas des unions entre personnes du même sexe ». Et le texte poursuit : « La présence dans ces relations d’éléments positifs, qui en eux-mêmes doivent être appréciés et valorisés, n’est cependant pas de nature à les justifier et à les rendre ainsi légitimement susceptibles d’une bénédiction ecclésiale, puisque ces éléments se trouvent au service d’une union non ordonnée au dessein du Créateur. »

Pas de bénédiction d’un couple, donc ; mais est-il possible de bénir les personnes ? Pour être tout à fait précis le cardinal Ladaria conclut : « La réponse à la proposition de dubium n’exclut pas l’octroi de bénédictions individuelles aux personnes à tendance homosexuelle qui manifestent le désir de vivre en fidélité aux desseins révélés de Dieu, comme le propose l’enseignement de l’Église, mais elle déclare illicite toute forme de bénédiction qui tend à reconnaître leurs unions. Dans ce cas, en effet, la bénédiction manifesterait l’intention non pas de confier à la protection et à l’aide de Dieu certaines personnes individuelles, dans le sens mentionné ci-dessus, mais d’approuver et d’encourager un choix et une pratique de vie qui ne peuvent être reconnus comme étant objectivement ordonnés aux desseins révélés de Dieu. ». En clair, l’Église ne bénit pas et ne peut pas bénir le péché.

Fureur des lobbys et en particulier du Père James Martin jésuite, écrivain et conférencier prolifique, rédacteur au groupe America Media et consultant auprès du dicastère du Vatican pour la communication. Le père James Martin, que reçoit François, est selon le site des jésuites du Canada, « l’un des jésuites les plus connus après le Pape François. Cela tient en partie à un talent indéniable pour rendre la spiritualité ignatienne accessible à tous, mais aussi à son engagement marqué pour l’inclusion des personnes LGBT dans l’Église. », notamment dans l’association Outreach faith, une organisation LGBT catholique dont il est l’un des animateurs principaux.[10]

Le temps est venu pour le Pape de mettre un proche à la tête du Dicastère pour la Doctrine de la Foi : le mandat du cardinal Luis Francisco Ladaria venant à échéance le 1er juillet 2023, il est remplacé, en septembre, par Victor Manuel Fernandez, un Argentin très proche du Pape, qui est aussitôt créé cardinal. Sa nomination est à elle seule un message à la curie (Voir encadré).

2019-2023 : le Synode Allemand   

Pendant ce temps-là, le chemin synodal allemand s’est mis en route. Énorme machine à créer du « consensus », disposant d’un budget de 2,3 millions d’euros chaque année, il s’achèvera le 11 mars 2023. Son document final voté à 90 % autorise la bénédiction des couples homosexuels et des divorcées remariés. Il demande aussi au Pape une « meilleur inclusion des diversités de genre, notamment pour les personnes transsexuelles et intersexuelles, y compris dans les actes de baptême ».[11]

Mais la mesure à laquelle Rome s’est le plus vivement opposée concerne les conseils synodaux qui prétendaient prendre des décisions conjointes avec l’évêque. De nombreux évêques allemands voient les résultats de ce chemin synodal comme une « feuille de route » pour les années à venir et en particulier pour le synode sur la synodalité. Un objectif qui nécessite selon eux « de se forger un réseau d’alliés ». Désormais, un des éléments de la problématique pontificale consiste à couper l’herbe sous le pied du chemin synodal allemand, tout en évitant une rupture publique, quitte à lui faire des concessions sur d’autres thèmes. On peut se demander si Fiducia supplicans n’est pas l’une d’elles…

2023 : le synode sur la synodalité

A la suite du synode allemand et à l’approche du synode sur la synodalité la tension va monter. Une nouvelle série de dubia va parvenir au Pape.

Le synode sur la synodalité, qui a débuté en 2021 par une vaste consultation et dont la première assemblée générale se tient en octobre 2023, revient évidement sur la question de l’accession à la communion des couples en situation irrégulière. Le document préparatoire publié le 20 juin 2023 l’évoque. Dans la synthèse de l’enquête mondiale préparatoire figure l’appel lancé aux paroisses à « vraiment accueillir tout le monde » avec cette liste : « les personnes divorcées et remariées, les personnes polygames ou les personnes LGBTQ+ ».

Le 13 juillet 2023, le cardinal Duka soumet au Pape François, au nom de la conférence épiscopale tchèque, une liste de 10 dubia concernant principalement Amoris Laetitia et notamment l’accès des divorcés-remariés à la communion. Cette fois, Rome répond. La réponse, signée par le Pape François et le cardinal Fernández, lui est remise le 25 septembre et publiée par le Vatican le 2 octobre. Elle ne prend pas explicitement la question du couple. Elle affirme que c’est chaque personne, individuellement, qui est appelée à se mettre devant Dieu et à lui exposer sa conscience, avec ses possibilités et ses limites[12].

Un certain nombre de précisions pratiques assez psychologiques sont néanmoins données mais, sur le fond, le Cardinal Fernandez élude. Amoris Laetitia et le synode de la famille de 2014 et 2015 sont pour lui « le résultat du travail et de la prière de toute l’Église », ce qui en “langue de buis” peut vouloir dire : « Circulez, Il n’y a rien à discuter ! »

Au même moment, et à la veille de l’ouverture du synode sur la synodalité, cinq cardinaux, Walter Brandmüller, Raymond Burke, Juan Sandoval Íñiguez, Robert Sarah et Joseph Zen formulent leurs doutes au Pape François. Le Pape répond le lendemain par une lettre privée à deux des auteurs. Les cinq cardinaux considèrent la réponse du Pape si évasive qu’ils reformulent le 21 août de manière très précise leurs demandes. Ils lui demandent notamment une clarification à propos de l’homosexualité : « Est-il possible que, dans certaines circonstances, un pasteur puisse bénir des unions entre personnes homosexuelles, laissant ainsi entendre que le comportement homosexuel en tant que tel ne serait pas contraire à la loi de Dieu et au cheminement de la personne vers Dieu ?». Ils demandent si « tout acte sexuel en dehors du mariage, et en particulier les actes homosexuels, constitue un péché objectivement grave contre la loi de Dieu, indépendamment des circonstances dans lesquelles il a lieu et de l’intention avec laquelle il est accompli ? »[13]

Ils souhaitent que le Pape réponde à leurs cinq questions selon la procédure prévue pour les dubia. Finalement le Dicastère pour la Doctrine de la foi publiera le 2 octobre une réponse nullement dans les formes des responsa ad dubia et sans tenir compte de la seconde version de leur demande.

Alors que le synode se déroule, le cardinal Müller qui y participe lui-même comme ancien préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, intervient sur le blog de Cendro Magister et publie sa lettre au cardinal Duka.Il démolit point par point les affirmations de son successeur concernant le prétendu « magistère papal » sur l’accès à la communion des divorcés remariés[14]. Voici ce qu’écrit le cardinal Müller en introduction : « L’un des « dubia » que tu as soumis au DDF concerne l’interprétation d’ Amoris Laetitia contenue dans une lettre des évêques de la région de Buenos Aires datée du 5 septembre 2016, qui permet l’accès aux sacrements des divorcés vivant dans une seconde union civile, même s’ils continuent à se comporter comme mari et femme sans volonté de changer de vie. Selon la « Réponse » de Fernandez, ce texte de Buenos Aires appartient au magistère pontifical ordinaire, ayant été accepté par le Pape lui-même. En effet, François a déclaré que l’interprétation proposée par les évêques de Buenos Aires est la seule interprétation possible d’Amoris Laetitia. La « Réponse » en tire la conséquence qu’il faut donner un assentiment religieux de l’intelligence et de la volonté à ce document de Buenos Aires, comme c’est le cas pour d’autres textes du magistère ordinaire du Pape (cf. Lumen Gentium, § 25.1). Y a-t-il donc un assentiment religieux à donner au texte de Buenos Aires ? D’un point de vue formel, il est déjà discutable de demander un assentiment religieux de l’intelligence et de la volonté à une interprétation théologiquement ambiguë d’une conférence épiscopale partielle (la région de Buenos Aires), qui interprète à son tour une déclaration d’Amoris Laetitia qui nécessite une explication et dont la cohérence avec l’enseignement du Christ (Mc 10,1-12) se discute. De fait, le texte de Buenos Aires semble être en discontinuité au moins avec les enseignements de Jean-Paul II (Familiaris Consortio, § 84) et de Benoît XVI (Sacramentum Caritatis, § 29). Et, même si la « Réponse » ne le dit pas, les documents du Magistère ordinaire de ces deux Papes doivent également recevoir l’assentiment religieux de l’intelligence et de la volonté ».

Les travaux du synode se poursuivent. Mais la question de la bénédiction des couples homosexuels disparait des écrans, comme si le Pape François voulait se la réserver sans être gêné par des conclusions consensuelles.

2024 : Oui à la bénédiction de couples de même sexe.

Coup de théâtre : le 18 décembre 2023, juste avant Noel le Pape publie sa déclaration Fiducia Supplicans. Le texte a été préparé directement par le cardinal Fernandez sur les instructions du Pape, probablement avec l’influence d’autres jésuites acquis à sa position, sans passer par les consultations habituelles. On peut lire au § 31 de la déclaration : « Il est possible de bénir les couples en situation irrégulière et les couples de même sexe, sous une forme qui ne doit pas être fixée rituellement par les autorités ecclésiales, afin de ne pas créer de confusion avec la bénédiction propre au sacrement du mariage ».

La réaction va être pire que pour Amoris Laetitia.

Dès le 4 janvier 2024 le cardinal Fernandez bat en retraite. Il publie un communiqué de presse[15] dans lequel il prend acte des réactions des conférences épiscopales, en autres celles d’Afrique. Mais il ne veut pas y voir, « une opposition doctrinale parce que le document est clair et classique sur le mariage et la sexualité. » Ces oppositions seront minimisées en les reléguant au niveau de questions culturelles. Et il laisse aux évêques « le pouvoir de discernement in loco » (§ 2).

Pour lui, « La véritable nouveauté de cette Déclaration, celle qui demande un effort généreux de réception et dont personne ne devrait se déclarer exclu, n’est pas la possibilité de bénir des couples en situation irrégulière. C’est l’invitation à distinguer deux formes différentes de bénédictions : « liturgique ou ritualisée » et « spontanée ou pastorale ». Elle offrirait : « une contribution spécifique et innovante à la signification pastorale des bénédictions, qui permet d’en élargir et enrichir la compréhension classique, étroitement liée à une perspective liturgique. Cette réflexion théologique, basée sur la vision pastorale du Pape François, implique un réel développement par rapport à ce qui a été dit sur les bénédictions dans le Magistère et les textes officiels de l’Église » (§ 4).

Cela n’apaisera pas la polémique.

Le point-clé du débat

Le 8 janvier le cardinal Sarah publie un message de Noël en la fête de l’Épiphanie[16]. Sur un ton pastoral et spirituel, le message est rude, radical même. En voici quelques extraits :

« Certains médias prétendent que l’Église catholique encouragerait la bénédiction des unions de personnes du même sexe. Ils mentent… Une récente déclaration du Dicastère pour la Doctrine de la Foi, publiée avec l’approbation du Pape François, n’a pas su corriger ces erreurs et faire œuvre de vérité. Bien plus, par son manque de clarté, elle n’a fait qu’amplifier le trouble… Que faire face à la confusion qu’a semée le diviseur jusqu’au sein de l’Église ? “On ne discute pas avec le diable ! disait le Pape François. On ne négocie pas, on ne dialogue pas ; on ne le vainc pas en négociant avec lui”. Dans la logique de cet enseignement du Pape François, nous aussi, ne discutons pas avec le diviseur. N’entrons pas en discussion avec la Déclaration “Fiducia supplicans”, ni avec les diverses récupérations que l’on a vu se multiplier. Répondons simplement par la Parole de Dieu et par le Magistère et l’enseignement traditionnel de l’Église. »

Et le cardinal Sarah de se référer au Catéchisme de l’Église catholique (§ 2357), et à de nombreux textes de l’Écriture (Gn 19, 1-29 ; Rm 1, 24-27 ; 1 Co 6, 10 ; 1 Tm 1, 10), ainsi qu’à la Tradition qui a toujours déclaré que « les actes d’homosexualité sont intrinsèquement désordonnés »[17] car ils sont contraires à la loi naturelle.

Vient ensuite le point clé du débat, et son enjeu fondamental : « Une doctrine qui dissocie l’acte moral des dimensions corporelles de son exercice est contraire aux enseignements de la Sainte Écriture et de la Tradition : une telle doctrine fait revivre, sous des formes nouvelles, certaines erreurs anciennes que l’Église a toujours combattues, car elles réduisent la personne humaine à une liberté ‘spirituelle’ purement formelle. Cette réduction méconnaît la signification morale du corps et des comportements qui s’y rattachent (cf. 1 Co 6, 19). L’Apôtre Paul déclare que n’hériteront du Royaume de Dieu ni impudiques, ni idolâtres, ni adultères, ni dépravés, ni gens de mœurs infâmes, ni voleurs, ni cupides, pas plus qu’ivrognes, insulteurs ou rapaces (1 Co 6, 9-10). Cette condamnation, formellement exprimée par le Concile de Trente met au nombre des “péchés mortels” ou des “pratiques infâmes”, certains comportements spécifiques dont l’acceptation volontaire empêche les croyants d’avoir part à l’héritage promis. En effet, le corps et l’âme sont indissociables : dans la personne, dans l’agent volontaire et dans l’acte délibéré, ils demeurent ou se perdent ensembleL’unique chose à demander aux personnes qui vivent une relation contre nature, c’est de se convertir et de se conformer à la Parole de Dieu… Aussi, permettez-moi de ne pas tomber dans de vaines arguties à propos du sens du mot bénédiction. Il est évident que l’on peut prier pour le pécheur, il est évident que l’on peut demander à Dieu sa conversion. Il est évident que l’on peut bénir l’homme qui, peu à peu, se tourne vers Dieu pour demander humblement une grâce de changement vrai et radical de sa vie. La prière de l’Église n’est refusée à personne. Mais elle ne peut jamais être détournée pour devenir une légitimation du péché, de la structure de péché ou même de l’occasion prochaine du péché ».

En d’autres termes, la cible est bien l’enseignement de l’Église sur les actes « intrinsèquement mauvais ». Or, si l’on va au bout de la logique qui est à l’œuvre, il n’y en aurait pas ; tout l’ordre moral serait relatif aux circonstances et aux intentions. S’il n’y a pas de loi naturelle, il n’y a plus que des morales de situation.

Une ligne de force du pontificat ?

Le 11 janvier le cardinal Fridolin Ambongo, président du Symposium des conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar (SCEAM) et archevêque métropolitain de Kinshasa, publie un communiqué au nom de la SCEAM, affirmant qu’il n’y aura pas de bénédictions données aux couples homosexuels dans toutes les Églises d’Afrique. Dans sa déclaration conclusive il déclare : 

« En résumé, les conférences épiscopales à travers l’Afrique, qui ont fortement réaffirmé leur communion avec le Pape François, estiment que les bénédictions extra-liturgiques proposées dans la Déclaration Fiducia supplicans ne pourront pas se faire en Afrique sans s’exposer à des scandales. (…) Le langage de Fiducia supplicans demeure trop subtil à comprendre pour les gens simples. Par ailleurs, il reste très difficile de convaincre que des personnes de même sexe qui vivent dans une union stable ne revendiquent pas la légitimité de leur propre statut. »[18] 

Le 14 janvier le Pape participe pendant 50 minutes à l’émission Che Tempoche fa sur la chaine italienne Nove. Il y confirme sa position dans une émission de plateau grand public. Le 26 janvier il la réitère devant les participants à l’assemblée plénière du Dicastère pour la Doctrine de la Foi.[19] Le 29 dans un entretien à la Stampa il persiste et signe[20].

Comme il l’a déjà fait, il accuse ses opposants, d’abord d’être des pharisiens braqués dans le moralisme, et même d’avoir des positions idéologiques et d’être schismatiques au moins dans leur cœur : « ceux qui protestent avec véhémence appartiennent à de petits groupes idéologiques… il y a toujours eu dans l’Église des petits groupes qui ont manifesté des réflexions schismatiques. » Pas moins !

Mais la détermination du Pape, comme l’explique le Frère Emmanuel Perrier, op, dans un article récent et très argumenté publié dans la Revue thomiste[21], ne rencontre plus seulement les critiques formulées dans les formes par des théologiens, des cardinaux ou des évêques, elle vient heurter le sensus fidei des fidèles.

C’est l’unité de l’Église qui est alors menacée comme le note Jean Marie Guénois sur son blog : la décision du Pape « précipite l’Église dans la division alors que la mission première du Pape est l’unité. Elle nourrit la confusion alors que la mission première du Pape est la constance de l’enseignement. Elle atteint aussi la crédibilité de François, en tant que Pape, aux yeux de beaucoup. »[22]

Quel avenir ?

Depuis le début du pontificat la ligne est donc claire et constante. Ce ne sont pas des lobbies qui l’ont poussée. C’est, au regard des décisions et des prises de positions du Pape, un choix assumé. Les critiques ne l’ont pas fait reculer. Elles ne l’ont pas empêché de franchir une nouvelle étape et de passer de la thématique des « couples en situation irrégulière » à celle des couples homosexuels.

L’avenir du pontificat, sinon de l’Église qui, elle, a les paroles de la vie éternelle, est en jeu. Le Pape a 87 ans. Il veut aller vite et jusqu’au bout. La seconde session du synode sur la synodalité se profile. La question de la mise en œuvre du synode allemand reste pendante.

Comme en 2014, l’éviction de la question de la bénédiction des couples homosexuels des conclusions de l’assemblée synodale de 2023 l’a probablement convaincu qu’il ne pourrait pas passer par cette voie pour la faire accepter. Ce Pape qui a promulgué 24 motu proprio en onze ans (un record), qui vont tous dans le sens de la centralisation du gouvernement de l’Église, a donc décidé de faire, une fois de plus, acte d’autorité en coupant court aux débats et en posant un fait accompli, peut-être (mais c’est une hypothèse à ce stade) pour allumer un contre feu aux conclusions du synode allemand qui veut aller beaucoup plus loin, mais dans une direction totalement opposée en ce qui concerne le gouvernement de l’Église.

L’année 2024 risque donc d’être très difficile pour le Saint Père, mais aussi pour les fidèles, les évêques et les cardinaux. Beaucoup se demandent, à tous les échelons de la hiérarchie, s’il ne serait pas temps de cesser de brutaliser l’Église et les fidèles sur les questions de morale sexuelle et de mariage et plus généralement sur les questions sociales, sociétales ou économiques. Dans l’Évangile, le Christ annonce la Bonne Nouvelle du salut. Peut-être que les brebis du dehors comme celles du dedans attendent de leurs pasteurs qu’ils leur parlent surtout de cette Bonne Nouvelle plutôt que des problèmes du monde.

La crise majeure que suscite la déclaration Fiducia Supplicans pourrait bien poser la question des priorités pastorales de l’Église d’une toute autre manière. Une Église recentrée sur l’essentiel de son message, dont l’espérance serait plus verticale, moins préoccupée des problèmes d’ici-bas et plus des réalités d’en-haut. De nombreux fidèles, pourtant bien engagés dans le monde, l’ont déjà intégré. Il n’est pas impossible que ce soit aussi la préoccupation majeure des cardinaux, qu’ils soient « progressistes », « conservateurs » ou « modérés », qui auront à élire le Pape lors du prochain conclave. 

ENCADRE

Victor Manuel Fernandez sous le feu des critiques

Victor Manuel Fernandez, surnommé “Tucho” par ses amis, est un compatriote tout proche du Pape et lui doit tout. C’est un protégé dont l’ascension a été fulgurante. Il a été ordonné prêtre à Buenos Aires en 1986.  En 1995, il a publié un livre : “Saname con tu boca, El arte de besar” (Guéris moi avec ta bouche, l’art d’embrasser).

Le cardinal Jorge Beroglio, l’ayant remarqué, l’invite en 2007 comme expert à la cinquième conférence générale des évêques américains à Aparecida. Il a déjà la réputation d’être « le modèle de théologien pastoral inscrit dans le courant de la théologie du peuple ».

Contre l’avis du Dicastère pour la Doctrine de la Foi qui critique son enseignement, Jorge Beroglio est intervenu personnellement à Rome pour l’imposer en 2011 comme recteur de l’Université Catholique d’Argentine (UCA).

Élu Pape le 13 mars 2023, dès le 13 mai François, le nomme archevêque de Tiburnia. En signe d’hommage à son protecteur sa croix pectorale est identique à celle du Pape et le nouvel archevêque n’hésite pas à présenter sa propre nomination comme une victoire…

La même année, le Pape lui confie la rédaction d’Evangelii Gaudium. En 2014 Fernandez est nommé vice-président de la commission pour le message du Synode extraordinaire des évêques sur la famille, puis membre de la liste pontificale de la XIVe assemblée générale ordinaire du synode des évêques.  Il supervise la rédaction de l’encyclique Laudato si ainsi que celle de l’exhortation apostolique Amoris Laetitia. Pour ces raisons il est aujourd’hui reconnu comme la plume de François et le meilleur interprète de sa pensée. De fait, on trouve dans Laudato si et dans Amoris laetitia des passages tirés des innombrables ouvrages ou textes (300) de Fernandez. 

Une déclaration de Fernandez au Corriere Della Serra du 10 mai 2015 sur la curie romaine et le rôle du Pape lui attire les foudres du cardinal Müller, préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Ce dernier le qualifie d’hérétique.

En juin 2018, en dépit de ces controverses, le Pape le nomme Archevêque de La Plata, archevêché dont l’importance et le prestige viennent immédiatement derrière ceux de Buenos Aires. Sa nomination lui attire des articles dans la presse sur sa mauvaise gestion de cas d’abus sexuels.

Le 1er juillet 2023, contre toute attente il est nommé à la tête du Dicastère pour la Doctrine de la foi. Il se précipite immédiatement dans les médias affirmant que, tout en étant plus progressiste que le Pape, il est sur la même ligne théologique et pastorale. Dans sa lettre de nomination, inhabituelle par sa longueur, François le met en garde « contre les théologiens de bureau » et l’invite à « développer une pensée capable de présenter de manière convaincante un Dieu qui aime, qui pardonne et qui sauve ».

Sous la lumière des projecteurs il est vite rattrapé par les « affaires ». Le 1er juillet 2023, un journal argentin d’extrême-gauche, La Izquierda Diario, qualifie Fernández de « dissimulateur de pédophiles » et affirme qu’il aurait clairement joué un rôle de dissimulation pour 11 cas d’abus par des prêtres.

Selon Wikipédia « le 5 juillet 2023, le National Catholic Reporter relaie le communiqué du site BishopAccountability, une base de données en ligne nord-américaine qui documente depuis 2003 les abus sexuels de la part de membres du clergé. L’association dénonce la gestion en 2019 par Víctor Manuel Fernández des plaintes contre un prêtre de l’archidiocèse de La Plata accusé en 2008 d’abus sexuels sur de jeunes garçons. Il aurait fermement soutenu le prêtre et refusé de croire les victimes. Le prêtre s’était donné la mort en 2019 quelques heures après qu’un juge avait émis un mandat d’arrêt à son encontre ».

En septembre 2023, après sa nomination au Dicastère pour la Doctrine de la Foi, son livre de 1995 « Guéris-moi avec ta bouche : l’art d’embrasser » ressort sur les réseaux sociaux en même temps qu’un autre livre : « La Pasión Mística, espiritualidad y sensualidad » (Passion mystique : spiritualité et sensualité), publié en 1999. Très vite, le cardinal Fernandez tente d’éteindre l’incendie en expliquant qu’il s’agit d’un « livre de jeunesse » et qu’il ne l’écrirait certainement pas aujourd’hui. De fait ce deuxième livre a été retiré de la vente et ne figure pas dans sa bibliographie officielle. Néanmoins, il a été écrit par un homme d’âge mûr (il avait quand même 37 ans !), dans la continuité d’un précédent de la même veine, et dont les écrits, quoi qu’il dise, demeurent. Après les poèmes érotiques sur le baiser, Víctor Manuel Fernández prolonge sa réflexion en évoquant les expériences intimes ou sensuelles des saints et des mystiques, jusqu’à faire un éloge de l’ “orgasme mystique” comme chemin vers Dieu[23] dans des termes que n’auraient pas reniés les frères Thomas et Marie-Dominique Philippe[24]. On y trouve des descriptions précises et assez crues de l’orgasme, tant masculin que féminin, qu’on s’attendrait à lire plutôt dans d’autres types d’ouvrages et qui suggèrent une expérience concrète mais inattendue. Plus précisément, sur le sujet du présent article, on relèvera un passage significatif au chapitre 8 : « …Cela ne veut pas nécessairement dire que cette expérience joyeuse de l’amour divin, si j’y parviens, me libérera de toutes mes faiblesses psychologiques. Cela ne veut pas dire, par exemple, qu’un homosexuel cessera nécessairement d’être homosexuel. Rappelons-nous que la grâce de Dieu peut coexister avec les faiblesses et aussi avec les péchés, lorsqu’il existe un conditionnement très fort. Dans ces cas-là, la personne peut faire des choses qui sont objectivement pécheresses, mais sans être coupable et sans perdre la grâce de Dieu ni l’expérience de son amour », et de se référer au § 1735 du Catéchisme de l’Église Catholique tout en l’interprétant de façon équivoque.  

Si l’on ajoute ses démêlés avec Le cardinal Gerard Müller au cours desquels ils s’accusent mutuellement d’être schismatiques, hérétiques et carriéristes, il est possible de s’interroger sur la personnalité de l’homme et sur les orientations pastorales que le Pape François lui a donné pour mission de proposer à l’Église.

Thierry Boutet


[1] https://www.lefigaro.fr/actualite-france/dieu-seul-le-sait-n041-pourquoi-la-crise-ouverte-par-la-benediction-de-couples-homosexuels-dans-l-eglise-est-vraiment-serieuse-20240128

[2] On renvoie au livre de Frédéric Martel, « Sodoma : Enquête au cœur du Vatican » édité en français chez Robert Laffont en février 2019 ; hélas bien documenté.

[3] Sur ce sujet, voir l’article de François de Lacoste Lareymondie : « Rapport de la CIASE : et si on regardait aussi du côté des abuseurs », publié sur le site de la SRP en novembre 2021.

[4]https://www.vatican.va/roman_curia/congregations/cfaith/documents/rc_con_cfaith_doc_20030731_homosexual-unions_fr.html

[5] https://www.lifesitenews.com/opinion/cardinal-burke-a-document-this-confusing-cannot-be-part-of-the-churchs-pere/

[6]https://archive.wikiwix.com/cache/index2.php?url=https%3A%2F%2Fedition.cnn.com%2F2016%2F11%2F28%2Fopinions%2Fpope-associate-controversial-questions-already-answered-spadaro%2F#federation=archive.wikiwix.com&tab=url

[7]https://archive.wikiwix.com/cache/index2.php?url=http%3A%2F%2Fms.maltadiocese.org%2FWEBSITE%2F2017%2FPRESS%2520RELEASES%2FNorms%2520for%2520the%2520Application%2520of%2520Chapter%2520VIII%2520of%2520AL.pdf%2Findex.html#federation=archive.wikiwix.com&tab=url.

[8] http://www.correctiofilialis.org/, Voir aussi la conférence d’Ettore Gotti Tedeschi à l’université de Fribourg en Suisse : https://archive.wikiwix.com/cache/index2.php?url=https%3A%2F%2Fwww.cath.ch%2Fnewsf%2F62-clercs-universitaires-catholiques-attaquent-heresies-damoris-laetitia%2F#federation=archive.wikiwix.com&tab=url

[9] Responsum de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi à un dubium au sujet de la bénédiction des unions de personnes du même sexe : https://www.vatican.va/roman_curia/congregations/cfaith/documents/rc_con_cfaith_doc_20210222_responsum-dubium-unioni_fr.html.

[10] https://jesuites.ca/stories/james-martin-sj%E2%80%AF-vivre-du-christ-ecrire-et-plaidoyer-pour-les-lgbtq

[11] https://fr.aleteia.org/2023/03/14/quel-avenir-pour-le-chemin-synodal-allemand/

[12]https://archive.wikiwix.com/cache/index2.php?url=https%3A%2F%2Fwww.catholicnewsagency.com%2Fnews%2F255550%2Fvatican-responds-to-to-cardinal-duka-s-dubia-on-divorced-and-remarried-catholics#federation=archive.wikiwix.com&tab=url

[13] https://www.vaticannews.va/fr/Pape/news/2023-10/le-Pape-repond-aux-dubia-de-cinq-cardinaux.html

[14] http://magister.blogautore.espresso.repubblica.it/2023/10/13/eminence-caro-brother-brother-dominik-duka%e2%80%a6/

[15] https://www.vatican.va/roman_curia/congregations/cfaith/documents/rc_ddf_doc_20240104_comunicato-fiducia-supplicans_fr.html

[16] https://www.diakonos.be/fiducia-supplicans-le-cardinal-sarah-on-soppose-a-une-heresie-qui-mine-gravement-leglise/

[17] CDF, décl. “Persona humana” 8

[18] https://fr.zenit.org/2024/01/12/pas-de-benediction-pour-les-couples-homosexuels-dans-toutes-les-eglises-dafrique/

[19] https://www.vatican.va/content/francesco/fr/speeches/2024/january/documents/20240126-plenaria-ddf.html

[20] https://www.vaticannews.va/fr/Pape/news/2024-01/Pape-francois-stampa-italie-interview-guerre-voyages-paix.html

[21] https://revuethomiste.fr/contenu-editorial/chroniques/lumieres-et-grains-de-sel/fiducia-supplicans-face-au-sens-de-la-foi

[22] https://www.lefigaro.fr/actualite-france/dieu-seul-le-sait-n041-pourquoi-la-crise-ouverte-par-la-benediction-de-couples-homosexuels-dans-l-eglise-est-vraiment-serieuse-20240128

[23] Pour en lire quelques extraits significatifs : https://lesalonbeige.fr/letrange-livre-du-cardinal-fernandez/

[24] Sur ce point, on renvoie à la description de son expérience érotico-mystique fondatrice qu’a faite le P Thomas Philippe devant la Congrégation pour la Doctrine de la Foi et qui est reproduite dans le livre de Tangi Cavalin, « L’Affaire – Les Dominicains face au scandale des frères Philippe », Ed du Cerf 2023, pp 310 et suivantes.